L’éditorialiste d’El-Watan s’interroge 28 juin, 2007
Posté par benchicou dans : Algérie : actualité politique , 4 commentaires
Retour à 2004
Le mot a été lâché à Sétif à l’occasion de la visite du président Bouteflika dans cette wilaya : « Ouhda talitha » (un troisième mandat) s’époumonaient des jeunes au passage du cortège présidentiel. Tout dans la préparation et l’organisation des visites d’inspection de Bouteflika dans les wilayas depuis ces derniers mois rappelle étrangement l’ambiance qui avait précédé la décision de Bouteflika de se porter candidat pour un second mandat présidentiel. Les mêmes bains de foule, les mêmes hymnes entonnés par une population en liesse à la gloire du président, des poèmes au verbe recherché vantant les qualités et le dévouement du président à son peuple et inversement l’amour de ce dernier à son président. Cette image d’un président qui apparaît en totale osmose avec son peuple que Bouteflika cultive et entretient lors de ses déplacements sur le terrain avec un grand souci du détail, quand bien même elle pourrait être sincère et réelle, ne dégage pas moins un fort parfum de populisme à trop vouloir forcer sur la dose. L’accueil populaire qui est le dossier le mieux maîtrisé par les walis a-t-il jamais constitué véritablement un indice de popularité crédible ? Tout ce qui est excessif est suspect et sujet à caution. Le président Bouteflika qui n’a plus – c’est la loi de la nature – les mêmes ressources physiques que sous son premier mandat, visiblement affaibli, par ailleurs, par sa maladie même si ses proches collaborateurs tentent, chaque fois que de besoin, de rassurer sur son état de santé, a-t-il besoin de ce constant ressourcement populaire qui augmente au demeurant en cadence depuis quelques mois pour convaincre ses détracteurs et se convaincre lui-même qu’il a toujours la confiance du peuple algérien ? Maintenant, si l’objectif recherché à travers ces visites qui tendent à se multiplier et à se prolonger dans la durée (trois jours à Sétif) avec à la clé des agendas de travail toujours plus chargés, c’est de taire les spéculations qui continuent toujours de courir sur son état de santé, il faut reconnaître que l’on ne rend service ni à Bouteflika que l’on cherche à tout prix, on ne sait pour quelles secrètes motivations, à montrer sous une forme olympienne, ni au pays. La réponse à cette interrogation est-elle dans le mot d’ordre lancé par ces jeunes Sétifiens appelant à renouveler la confiance à Bouteflika pour un troisième mandat ? Quand on sait que les visites présidentielles sont préparées dans les moindres détails, il faut croire que le ton de la course à la prochaine élection présidentielle est bel et bien donné. Il reste seulement à savoir si Bouteflika a encore suffisamment de répondant pour briguer un troisième mandat ou s’il prépare déjà sa succession en investissant le terrain avant tout le monde pour le compte d’un éventuel dauphin qu’il aura choisi seul ou en accord avec les cercles du pouvoir.
Omar Berbiche
28 juin 2007
L’ex-FIS menace : «En finir avec la dictature de Bouteflika» 27 juin, 2007
Posté par benchicou dans : Algérie aujourd'hui , 15 commentairesPar Marion Moussadek (Le Temps – Genève)
ALGERIE. Des dissidents exilés en Europe, notamment en Suisse, se fédèrent pour tenter de renverser le régime en place à Alger. Parmi eux, d’anciens islamistes radicaux poursuivis par la justice de leur pays. Enquête.
Al-Rachad, «Le bon sens», mouvement politique fondé par des Algériens réfugiés en Suisse, au Royaume-Uni et en Allemagne, a été lancé le 18 avril depuis Londres. Le groupuscule veut renverser le président Abdelaziz Bouteflika et son régime. Pour parvenir à ses fins, il drague aussi bien des sympathisants islamistes (MSP, ex-Hamas algérien) que des membres du FLN (ex-parti unique) ou du FFS (socialiste). Et il s’adresse tant à la diaspora qui a jeté l’ancre en Europe qu’aux résidents cantonnés en Algérie.
Le mouvement – et non le parti – aspire à un «Etat de droit et à la bonne gouvernance», et propose «au peuple algérien une alternative pour un changement radical du système politique». Trois des cinq membres fondateurs vivent en Suisse: Abbas Aroua enseigne à la Faculté de médecine de Lausanne; Mourad Dhina est un ancien collaborateur du CERN et de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich; Rachid Mesli travaille pour l’organisation arabe des droits de l’homme Al-Karama à Genève.
Leur charte dénonce «la façade civile» d’un gouvernement contrôlé par «l’oligarchie militaire» et fustige la dislocation sociale et la crise économique qui gangrènent l’Algérie. Les dissidents récusent la «dictature de Bouteflika»: le parlement est réduit à «une simple chambre d’enregistrement», et les institutions sont «asservies» à la Direction des renseignements et de la sécurité (DRS), service de l’armée nationale et colonne vertébrale du pouvoir.
Ces accusations virulentes se nourrissent de la réalité d’un pays en faillite: malgré des ressources naturelles extrêmement riches (50 milliards de dollars issus du seul pétrole dans les caisses de l’Etat en 2006), le taux de chômage est écrasant et plus de 40% des femmes sont encore analphabètes. Ces chiffres incarnent la paupérisation d’un peuple assommé par une décennie de violences: 150000 morts, 2 millions de déplacés et 20000 «disparus forcés».
Les ingrédients sont donc réunis pour battre le rappel des troupes. En deux mois d’existence, Al-Rachad affirme être fort d’un millier d’adhérents algériens, et d’une bonne poignée d’exilés de l’intelligentsia. Le mouvement politique mijote «une action civique symbolique», où il orchestrerait des grèves massives qui paralyseraient le pays et contraindraient le pouvoir à composer avec ses revendications. Voire à «abdiquer».
Pourtant, derrière «ces voies non violentes» que Rachad prône, se cache un passé lourd d’activisme islamiste. Mourad Dhina est en effet une figure de proue des fondamentalistes algériens. Après la dissolution et l’interdiction du Front islamique du salut (FIS) en 1992, il se réfugie à Saint-Genis-Pouilly, aux portes de Genève dans l’Ain. Deux ans plus tard, il est soupçonné de trafic d’armes par la France. Il prend alors la poudre d’escampette en Suisse où sa demande d’asile est rejetée à deux reprises. Entre 2002 et 2004, il devient néanmoins responsable du bureau exécutif du FIS à l’étranger. Depuis 1995, il est ainsi toléré sur le territoire helvétique, grâce à une admission provisoire qui s’éternise. Privé de passeport par les autorités algériennes, il est condamné à arpenter les 26 cantons. Lui, sa femme, et ses six enfants, dont cinq sont nés ici.
Dans un français irréprochable, l’ex-leader par intérim se défend de relayer tout discours propagandiste. Mais il confesse volontiers entretenir des liens «quasi permanents» avec le leader historique du FIS, Abassi Madani, et son bras droit Ali Belhadj, qui ont croupi douze ans dans les geôles algériennes et ont toujours refusé de condamner les activités armées du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu Al-Qaida Maghreb.
Quelle influence s’apprête à exercer Al-Rachad, et en tirant quelles ficelles? Une plateforme euro-atlantique chargée de surveiller les cellules islamistes dormantes ayant une vitrine sur Internet garde un œil attentif sur le mouvement. Pas de commentaire du côté de l’ambassadeur algérien à Berne, qui réclame néanmoins ponctuellement à la Confédération l’extradition de Mourad Dhina, condamné par contumace à 20 ans de réclusion criminelle. Quant à la Police fédérale, elle explique laconiquement: «Le groupement d’opposition politique est connu de nos services (ndlr: Service analyse et prévention de lutte contre le terrorisme), mais pour l’instant, on ne décèle aucun lien avec des actes extrémistes violents.»
En attendant, la campagne de recrutement bat son plein et Al-Rachad envisage de se doter de sa propre chaîne télévisée. Directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève, l’Algérien Hasni Abidi souligne: «C’est la première fois que des islamistes influents s’ouvrent autant. C’est bon pour leur image. C’est donc un moyen de recruter le plus possible.» A Londres, Mohamed Larbi Zitout, pilote du projet d’Al-Rachad, résume sans détour son objectif: «Nous pensons organiser une sorte d’Intifada, de manifestation nationale [...]. Il y aura toujours un prix à payer. L’Algérie, ce n’est pas la Géorgie, on ne peut pas réussir une révolution qu’avec des fleurs.»
Mardi 26 juin 2007
Et si Bouteflika était assis sur un volcan ?
Posté par benchicou dans : Algérie : analyses et polémiques , 2 commentaires
Contrairement à ce qu’affirmait le ministre de l’Intérieur, au soir des législatives du 17 mai, la forte abstention (63,49%) n’est pas un signe d’une meilleure prise de conscience politique, encore moins une position qui délivre un quelconque message ciblé aux « partis politiques », mais l’expression criante d’une crise de confiance profonde entre la société et le pouvoir.
Une meilleure prise de conscience politique ne se traduisant jamais par l’indifférence, voire l’ignorance du déroulement d’un événement politique majeur comme les législatives ; mais par une mobilisation massive avant et durant le déroulement du scrutin afin de choisir un programme politique démocratique et moderniste et un projet politique en rupture avec le conservatisme et l’islamisme qui ont jusqu’ici drivé le pays à la ruine qui ne cesse de se perpétuer. Plus encore, une telle maturation politique d’un peuple se traduirait par une surveillance systématique et active de l’opération de dépouillement dans chaque bureau de vote à travers le territoire national. Enfin, cela supposera la continuité de la mobilisation dans les rues et les lieux publics durant la nuit et les jours qui suivront la proclamation des premiers résultats donnant les démocrates de l’opposition vainqueurs, et ce, afin de dissuader toute velléité de fraude. Un peuple mûr politiquement, c’est un peuple qui ne laisse personne décider du sort de son choix et qui prend son destin en main. Or, je vois d’ici, certains lecteurs esquisser un petit sourire tant est si bien que ce que je viens de décrire semble à mille lieues de la situation qui prévaut en Algérie et que le ministre de l’Intérieur tente vainement et gauchement de traduire en sa faveur. Celle du pouvoir géniteur d’injustice, de pauvreté et de corruption qu’il incarne. Mimé aussitôt par les partis islamo-conservateurs au pouvoir (FLN, RND, HMS) ainsi que par la multitudes de partis saisonniers ; exhumés après une hibernation qui aura duré une quinzaine d’années, pour certains, et créés in vitro, pour d’autres, le ministre d’Etat et des Collectivités locales ; qui aurait dû se suffire de communiquer les résultats et autres informations inhérentes au déroulement de l’opération de vote, lors de sa conférence de presse tenue à l’hôtel El Aurassi, s’était découvert le don d’analyste politique. Un fait qui traduit à lui seul, si besoin est, la panique qui s’est emparé du pouvoir algérien après une abstention jamais égalée. Ainsi, se faisant le porte-parole du peuple, il conclu son « analyse » par cette calembredaine : « … Le taux d’abstention signifie leur exigence par rapport aux partis politiques, qui doivent réajuster leur approche pour l’adapter aux évolutions qu’a connues la situation algérienne et aux attentes des Algériens. » Sur une quarantaine de partis politiques, le ministre ne précise pas quels sont les partis concernés par cette mise en demeure du peuple.Le but recherché étant de continuer l’entreprise de diabolisation de l’opposition démocratique aux yeux de l’opinion nationale et du coup, celle-ci deviendra, comme par enchantement, celle qui a les rênes du pouvoir qu’elle aura gérés depuis l’indépendance. La misère du peuple retrouve soudainement un responsable : le multipartisme et la démocratie. Le véritable pouvoir incarné par le FLN, le RND, les islamistes et quelques militaires se retrouve, lui, innocent et vierge. Cette diversion ne convainc personne, mieux, elle met à nu un régime finissant qui ne tient qu’au souffle d’un président sans programme et mourant… et à la corruption à l’origine du taux d’abstention record enregistré au soir du 17 mai. Le sentiment d’incapacité à influer sur le changement de cap de cette Algérie, qui a pris le sens du non-développement depuis 1962, ne signifie pas outre mesure une définitive résolution du peuple à vivoter en tournant le dos à la chose politique, sans laquelle, aucune évolution n’est possible.
Un véritable volcan dont les éruptions explosives ne sauraient tarder
Pis, ce repli sur soi, traduit par une abstention effrayante, est en fait un véritable volcan dont les éruptions explosives ne sauraient tarder, dont les conséquences sont imprévisibles. Il n’est pas utile d’être un expert pour le comprendre mais il est impossible de comprendre l’aveuglement du pouvoir qui ne cesse de manipuler les explosifs sociaux pour assurer sa propre pérennité. Les abstentionnistes ne se sentent guère concernés, ni par les élections auxquelles ils ne croient plus, ni même par l’option de boycott à laquelle avaient appelé plusieurs courants (FFS, islamistes radicaux dont Djaballah, terroristes, etc.). A la question « allez-vous voter ? » de certains journalistes sortis dans la rue, à la veille du scrutin, histoire de prendre la température ambiante avant le jour J, la majorité des citoyens répondaient par cette réponse qui en dit long sur ce divorce consommé entre gouvernants et gouvernés : « Voter ! Pour quoi ? », avant d’ajouter, l’air moqueur : « Ces élections, comme toutes les autres d’ailleurs qui les ont précédées, n’auront aucun effet sur notre misère quotidienne… et puis, hormis quelques régions du centre où le pouvoir n’aura pas les coudées franches pour frauder massivement du fait d’une longue tradition politique ancrée dans cette région, c’est ailleurs que tout se décidera à coup de bourrage des urnes et de manipulations des résultats pour donner les soutiens de Bouteflika (FLN, RND, HMS, PT) vainqueurs de ces joutes. » Cela se disait dans la rue à la veille du 17 mai. Le soir du même jour, ce pronostic percutant se confirmera tout naturellement. La rupture n’aura pas lieu, le citoyen ne voit d’intérêt dans le statu quo. En effet, il y’a lieu de signaler quelques prémices de cette énième fraude en commençant par l’exigence faite par les autorités aux partis politiques, il y’a quelques mois, de la tenue de leur congrès conformément à la loi afin de pouvoir prendre part aux législatives du 17 mai. Dans la foulée, plusieurs partis saisonniers s’y sont précipités pour tenir non pas des congrès mais des conglomérats de quelques dizaines de personnes venues beaucoup plus partager des banquets que porter des amendements ou autres à des statuts ou à des programmes politiques inexistants ! D’autres, non agréés et pris de panique de ne pouvoir trouver un cadre partisan qui leur permettra de postuler à une mandature synonyme de privilèges divers, d’une mensualité qui en fait rêver plus d’un et d’un business fécond, se sont offert l’un de ces sigles disparus depuis belle lurette. Les listes indépendantes, quant à elles, sont anecdotiques à ce propos. Elles sont plus d’une centaine à l’échelle nationale, chacune d’elles est indépendante de l’autre. Dans ce cadre, la loi exige en principe que chaque liste ait pu récolter le nombre de signatures requis afin de justifier leur ancrage populaire dans leur circonscription. Au sein d’une population désabusée, qui se montre indifférente à une campagne électorale et à des élections majeures (dans une démocratie qui se respecte), il est tout de même étonnant qu’autant de signatures aient pu être récoltées par une centaine de listes « d’indépendants » qui se verront attribuer, au terme de la mascarade du 17 mai, la qualité de la quatrième force politique dans le pays ! Certains élus » indépendants » ne se sont même pas embarrassés de scrupules pour déclarer leur ralliement au FLN avant même l’investiture officielle de la nouvelle chambre basse. Arriva enfin la campagne qui s’est déroulée dans une atmosphère qui frise l’indifférence, n’étaient-ce les affiches et autres listes des candidats placardées à travers les murs des villes. En effet, et en dehors de quelques wilayas du centre du pays, hormis quelques sorties des partis traditionnels qui peuvent être qualifiées de meetings populaires au vu du nombre de citoyens mobilisés ; souvent des militants, la quasi-totalité des postulants n’avaient marqué cette campagne que par une à deux sorties où les membres des familles des candidats de la même liste se bousculent dans l’espace exigu réservé à cet effet.
L’Algérie peut, à présent s’offrir une orientation républicaine, laïque et moderniste
Là aussi, c’est vrai qu’au delà de la confusion réelle de l’électeur qui se retrouvera, le jour du vote, devant une trentaine de bulletins de vote identiques en apparence, les principaux parrains de ces listes ne viseraient vraisemblablement rien d’autre que les subventions prévues par la loi en guise, soi-disant, de couverture des frais de campagne ! Au centre du pays, plus précisément en Kabylie, le topo est tout autre puisque la scène régionale n’est plus ce qu’elle a été avant et tout pronostic dans cette situation était un saut dans l’inconnu.Désabusée et désenchantée plus qu’ailleurs du fait des conséquences directes de l’émergence, en 2001, du mouvement des archs qui, déviant de sa ligne, était allé s’attaquer aux partis les mieux implantés dans la région (RCD-FFS) au moment où il découvrait des vertus à un pouvoir responsable de tous ses maux. La gestion carriériste, révélée sous la lanterne des ambitions personnelles et électoralistes des uns et des autres (on commence à murmurer ça et là que certains acteurs de ce mouvement seraient pressentis dans le tiers présidentiel au sénat algérien) qui s’est faite sur le dos des victimes et de la population qui avait consenti à tout donner d’elle-même, a fini par avoir raison de ce qui n’aurait jamais dû être touché : la confiance de la population en elle-même. C’est dans cet état d’esprit, aggravé par l’offensive islamiste de ces dernières années où son prosélytisme n’a pas été seulement l’œuvre des fous de Dieu mais soutenu d’une manière évidente par le pouvoir à travers le ministère des affaires religieuses qui subventionnent des campagnes dans ce sens, des bibliothèques coraniques qui ouvrent dans les villages les plus reculés de la Kabylie… parallèlement à l’action des fanatiques qui mobilisent quelques éléments à coups de liasses pour gérer des constructions de mosquées clandestines, donc illégales, sur le territoire des communes que gèrent souvent le FLN, le RND et, comble de la dépravation, dans certaines municipalités que gère le … FFS (ex commune d’Aït-Bouaddou) sans que ces magistrats communaux ne daignent mettre un terme à cet aventurisme. Conséquence de ces complicités ou de ces lâchetés, au village du 1er secrétaire national actuel du FFS, c’est le parti intégriste HMS qui arrive en tête des suffrages exprimés lors des législatives de ce 17 mai. Le discours proislamiste (pacte de Rome) des années 1990 avait préparé le lit à l’islamisme social, principalement dans ceux qui étaient les fiefs du parti d’Aït-Ahmed. Ce terrain prêt à être exploité à la faveur de la démission morale de la citoyenneté est vite pris d’assaut par les islamistes et les conservateurs du pouvoir qui ont jeté tout leur poids dans ces élections afin de tenter d’isoler le seul parti d’opposition en lice dans la région, le RCD en l’occurrence, dans ses derniers retranchements au moment où le FFS fait face à une énième crise interne qui l’aura empêché de prendre part à ces joutes qu’il a fini par boycotter sans pouvoir mener la moindre campagne digne de ce nom dans ce sens, hormis un petit meeting tenu à la veille du scrutin, non pas dans la capitale, ni dans une grande ville de la Kabylie ou d’ailleurs, mais,… à Tizi N’tléta, c’est-à-dire, à quelques mètres du domicile de l’actuel 1er secrétaire du FFS ! Un boycott qui, n’offrant guère de perspectives, s’est révélé d’une grande utilité pour la fraude de l’administration comme c’est le cas à Béjaïa où, à titre d’exemple, trois maires qui étaient battus se présenteront le lendemain du scrutin « élus » par le bourrage nocturne des urnes… au niveau des municipalités qu’ils gèrent ! Dans le département de Tizi Ouzou, le suffrage exprimé donne le RCD vainqueur avec 7 sièges sur les 14 en jeu ; le même nombre de sièges obtenu aux législatives de 1997 quand les sept autres sièges étaient arrachés par le FFS ! Le 17 mai dernier, le FLN et le RND se sont partagés les 7 sièges restants. Cette volonté de confiner dans une sphère régionale l’opposition démocratique à travers la tentative d’isolement du RCD, s’est manifestée d’une manière scandaleuse à Tiaret et surtout à Illizi. Dans la première circonscription, les candidats du RCD qui ont tenté de superviser dans certains bureaux de vote l’opération de dépouillement, ont tout simplement subi des menaces avec des armes à feu ! Dans la circonscription d’Illizi, le RCD vient d’arracher miraculeusement un siège grâce… à la solidarité des tribus touareg avec le candidat du parti du Dr SADI, dont l’impressionnante mobilisation a réduit considérablement la tentative de fraude qui s’annonçait. Sur le plan national, le même parti d’opposition (RCD) qui, rappelons-le, avait « gagné » 19 sièges lors des premières législatives pluralistes de 1997, s’est vu, cette année encore, attribuer le même nombre de sièges (19) ! Le RCD semble en effet condamné à perpétuité à un groupe de 19 députés. L’article 119 de la Constitution explique-t-il cela ? Ce texte stipule, en effet : « L’initiative des lois appartient concurremment au chef du gouvernement et aux députés. Les propositions de lois, pour être recevables, sont déposées par 20 députés. » Concernant le parti islamiste HMS (ex Hamas) qui a cru fermement en ses chances d’arracher enfin un siège (*) au boulevard Zighout Youcef, dans des conditions, citées plus haut, plus que favorables à son émergence pour la première fois dans cette région, de tout temps imperméable à l’idéologie obscurantiste de l’islamisme, vient de recevoir une gifle définitive, synonyme d’une incapacité à se frayer un petit coin au pieds de l’antique Montus Ferratus. Sur le plan national, aussi bien l’abstention majoritaire que la participation, tout confirme en effet le rejet sans équivoque de l’Islam politique par les Algériens. Les conditions d’un véritable sursaut démocratique sont plus que jamais réunies. L’Algérie peut, à présent qu’elle a réduit considérablement le péril d’une iranisation, s’offrir une orientation résolument républicaine, laïque et moderniste synonyme de développement et d’épanouissement. Devant un régime sclérosé, l’opposition démocratique et républicaine et les forces sociales ont l’exigence historique d’aider ce pouvoir finissant à partir.
(*) En Kabylie et depuis l’avènement du multipartisme, les partis islamistes n’ont jamais gagné le moindre siège à tous les niveaux des institutions élues (Assemblée communale « APC », Assemblée départementale « APW », Assemblée nationale « APN » ). Exception faite aux deux communes de Sidi Naâmane et de Draâ el Mizan, offertes au FIS par le boycott du FFS en 1990 qui y était très fortement implanté. Après 1992, ces deux communes deviendront de véritables zones de repli et de préparation des actions terroristes que mèneront les islamistes en Kabylie et ailleurs.
Halim Akli ( El-Watan)
27 juin 2007
Collégiens et location-vente : Le président-candidat commence le racolage
Posté par benchicou dans : Algérie : actualité politique , 5 commentaires
L’opération séduction pour les présidentielles de 2009 a commencé à Sétif avec les collégiens et les citoyens candidats à l’achat de leur logement. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République et candidat à sa propre succession, distribue les bonnes nouvelles sous le regard des caméras de l’ENTV. A El Ouricia, au nord de la capitale des Hauts Plateaux, à l’inauguration d’un lycée de 800 places, le Chef de l’Etat s’est publiquement ému du sort des élèves recalés au brevet d’enseignement moyen (BEM). Le Chef de l’Etat a déploré, la qualifiant «d’anomalie», l’exigence opposée à ces élèves du cycle moyen d’avoir à «obtenir le BEM pour accéder au lycée». Avec des éclats de voix et beaucoup de gestes, il a dénoncé une « injustice » à laquelle il faut parer en instituant un «coefficient équitable» pour le passage au cycle secondaire. Puis, crianr sur le ministre Benbouzid, il lâchera très fort pour que tout le monde entende : «S’il n’y a pas suffisamment de places dans les établissements secondaires, il faut le dire ouvertement au peuple»
En visite hier à El-Eulma, le président Abdelaziz Bouteflika remet ça. Devant les caméras, il a jugé «pénalisantes pour les citoyens» les modalités de paiement des logements location-vente. La remarque du Président sera sans doute suivie d’une modification des échéanciers de paiement des logements en location-vente. Selon l’APS, le chef de l’Etat a insisté, dans ce contexte, sur la «nécessité de faciliter» lesdites modalités de paiement en fonction des «tranches d’âge». L’assouplissement des modalités de paiement de ce type de logements pourrait se faire en augmentant la durée de remboursement du prêt, actuellement plafonnée à 25 ans pour les moins de 50 ans.
Ainsi se gagnent les élections. Qui a dit que Bouteflika n’était pas en campagne ?
L.M.
3è mandat : le candidat Bouteflika entre sur scène
Posté par benchicou dans : Algérie : actualité politique , 39 commentaires Ça y est : le slogan a été scandé hier à Sétif, au passage du cortège présidentiel ! “ Bouteflika Ouhda thalitha…” Cette phrase ne nous lâchera plus jusqu’en avril 2009. Elle signifie deux choses : Bouteflika va changer la Constitution ; Bouteflika se présente pour un 3è mandat ! Il est même déjà en campagne ! L’homme qu’on disait malade et impotent, l’homme que de brillants esprits nous prédisaient mourant, cet homme-là vient de surprendre ses adversaires : il veut être président à vie et entend le faire savoir ! Sétif aura été la première étape de sa campagne présidentielle pour 2009.
A Béni Fouda, petite daïra de Sétif, où le chef de l’État faisait une halte pour le lancement de la campagne 2006-2007 “moisson-battage”, l’animateur public a crié sur son micro l’appel pour une “ouhda thalitha”, un troisième mandat, une troisième mi-temps…Et des jeunes, « innocents » et placés là « par hasard », ont suivi, répliquant, en écho au slogan, par d’autres biens connus. “1, 2, 3, Viva l’Algérie… Bouteflika, El-Djeich, Echaâb… Bouteflika, Allah Akbar…”. Retenez-bien cette date : Sétif aura bien été la première étape de la campagne présidentielle pour 2009 ! Le slogan n’avait pas été prononcée lors des dernières sorties présidentielles à Annaba, Chlef ou Blida. Ce n’est pas un hasard, ni une coïncidence, ni un zèle de comités de soutien. C’est juste Bouteflika qui commence sa campagne et qui a choisi son moment ! C’est vrai qu’il ne reste que 20 mois pour l’élection présidentielle de 2009 !
L’envoyée spéciale du quotidien Liberté rapporte même que « le slogan “ Bouteflika Ouhda thalitha… » sera scandé à maintes reprises durant les différentes étapes du 2e jour du périple présidentiel expliquant peut-être l’urgence d’une révision constitutionnelle que le Chef du gouvernement annonce pour très bientôt. » La journaliste souligne que « cela n’a étonné personne, du moins pas chez les membres de la délégation qui accompagne depuis deux jours Abdelaziz Bouteflika à Sétif. “C’est normal…”, diront plus d’un. Ou encore, “qui d’autres en 2009 ?”
Les présidentielles 2009 ont commencé et l’opposition comme l’opinion est prise de court ! Tout le monde est désarmé…Encore une cuisante leçon de réal-politik …
Le Matin
Week-end universel : Mittal fait plier Belkhadem
Posté par benchicou dans : Algérie aujourd'hui , 3 commentaires
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La firme indienne a finalement eu raison de la loi algérienne ! Commentant hier mardi la décision prise récemment par MittaI Steel de faire des vendredi et samedi les jours de repos hebdomadaire, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité, Tayeb Louh, sociale la juge conforme à la réglementation. “C’est un faux problème. C’est une décision légale. La journée qu’il ne faut pas toucher et reconnue par la réglementation en tant que journée de repos hebdomadaire est vendredi. En dehors du vendredi, les entreprises peuvent s’organiser comme elles le souhaitent. Il y a des secteurs qui aujourd’hui ne travaillent pas les vendredi et samedi. La législation algérienne dans ce domaine est flexible et nous n’allons pas la changer”, précise M. Tayeb Louh. Pour rappel, Mittal Steel Annaba avait informé, par le biais d’un placard publicitaire publié dans la presse, les institutions et organismes à caractère administratif ou social, ses clients, ses fournisseurs et l’ensemble de ses partenaires de sa décision de faire des vendredi et samedi les jours de repos hebdomadaire. Le Forum des chef d’entreprise avait applaudi cette décision. “Ce que vient de prendre comme initiative Mittal Steel nous fait plaisir”, souligne M. Réda Hamiani, lors d’une conférence de presse. Le Forum des chefs d’entreprise “réagira très rapidement” sur cette question, “après avoir consulté ses membres”. L’idée sera proposée aux entreprises membres du forum, de suivre l’exemple de Mittal Steel. “Nous ne pouvons pas prendre la décision à leur place”, précise le président du FCE. Pour autant, la problématique du week-end en vigueur en Algérie a toujours été au centre des préoccupations soulevées par le Forum des chefs d’entreprise depuis sa création, estimant que l’organisation actuelle du travail, en Algérie, dans sa relation avec l’étranger n’est pas efficiente. “On ne peut accepter l’idée que les échanges, en majorité, organisés avec les pays de la zone nord, et restreindre à trois jours la semaine de travail. C’est un non-sens”, estime M. Réda Hamiani qui rappelle le souhait du Forum des chefs d’entreprise de voir le repos hebdomadaire réaménagé. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale en précisant que vendredi est la seule journée reconnue par la loi comme étant la journée de repos hebdomadaire renvoie la balle aux entreprises. L.M. (avec Liberté) |
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