Chronique en trois parties : Et maintenant ? (1) 3 septembre, 2007
Posté par benchicou dans : Algérie : analyses et polémiques , trackbackChronique en trois parties
I. La rumeur et nos amis
On comprend mieux aujourd’hui dans quel but macabre ont été lancées cet été les fameuses rumeurs sur la maladie du président : à divertir l’opinion pendant que se tissaient les basses combinaisons politiciennes entre le clan présidentiel et les dirigeants islamistes. Et, de fait, il s’est immanquablement trouvé des esprits parmi les plus lucides pour repousser d’un rictus la perspective d’une alliance FIS-Bouteflika dans le cadre d’un règne partagé pour les prochaines années (lire la-creation-dun-nouveau-fis-se-precise/ et l’article : Selon Mezrag : Bouteflika va bientôt faire de nouvelles concessions aux terroristes ). Devant une si évidente et si monstrueuse perspective, la répartie de l’élite pas dupe était, en effet, invariable : « Vous faites une fixation sur Bouteflika, tu sais bien qu’il est mourant et qu’il n’en a plus que pour quelques semaines… ». Que répliquer à des propos si péremptoires ? Notre candeur était déjà contagieuse, voilà qu’elle devenait incurable. Nous l’avons déjà écrit. Trois ans après le mélodrame du 8 avril 2004, il semble que nous n’avons toujours rien compris aux subterfuges par lesquels s’éternisent les autocraties dans nos pays. Au canular de “l’homme haï par l’armée” en 2004, avait succédé celui de “l’homme malade” en 2005, puis le bobard du “président mourant” en 2006 avant qu’en 2007, on ne nous convie à l’autre variante du vaudeville, “le président malade et démissionnaire”. Les officines du régime se sont chargées de produire un discours de diversion en direction des adversaires afin de les neutraliser et laisser ainsi au régime l’initiative politique. Résultat : pendant que la machination du règne islamo-conservateur se mettait en place cet été par Bouteflika et son clan, nos cerveaux éclairés, sous le charme de l’endoctrinement diabolique et celui de leur propre vanité, s’employaient à nous convaincre du contraire. Les propagandistes du pouvoir ont toujours su admirablement envoyer l‘opinion dans les roses. Rappelons-nous : la théorie du “président malade et démissionnaire” avait déjà permis au pouvoir, en 2005, d’avorter les grosses contestations autour des effets catastrophiques de la Charte pour la paix. Val-de- Grâce avait étouffé le scandale politique. Le régime s’est servi de nouveau, en 2006, de la théorie du “président malade et démissionnaire” pour briser le débat houleux qui commençait à s’installer autour du projet d’amendement de la Constitution. A quoi bon débattre, se disait-on, d’un projet mort-né, compromis par la santé défaillante du président ? Dans les deux cas, le régime a obtenu un répit salutaire qu’il a su habilement exploiter. L’ennui dans l’affaire, et nous avons eu l’occasion de le dire, n’est pas que le microcosme politico-médiatique crée sa propre mythologie. On peut, après tout, fort bien concevoir qu’une société angoissée ait besoin de se rassurer par des duperies classiques et passagères qui brisent la monotonie du désespoir. L’embarras, ici, est que nous produisons, avec talent du reste, les mécanismes de l’auto-persuasion : comme s’il ne nous suffisait pas de croire aux fables à la mode, nous éprouvons le besoin de nous en faire les courtiers zélés auprès de la population. Toujours est-il qu’aujourd’hui que l’opposition a baissé la garde, le pouvoir peut annoncer ses belles surprises : retour du FIS et mandats illimités pour Bouteflika. Si la niaiserie en politique exposait ses auteurs aux poursuites judiciaires, il ne suffirait pas des prétoires d’Algérie pour tous nous y faire juger. Nous sommes si nombreux, opposants vaniteux et journalistes ingénus, à faire étalage de nos naïvetés… Les puristes du théâtre rétorqueront, avec raison, que l’inventeur du mélodrame moderne, René de Pixérécourt, avait averti qu’”un niais est aussi nécessaire au mélodrame qu’un tyran est indispensable”. Mais fallait-il autant d’impénitents crédules pour un seul tyran ?
M.B.
A suivre : II. La stratégie de la barbichette
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Nous avons signalé à maintes reprises que la maladie de Bouteflika etait un leurre et que sa physionomie de grand malade n’etait qu’un maquillage. merci de nous le confirmer Monsieur Benchicou.
Je me demande s’il fallait autant de manigance pour endormir un peuple aussi endormi.Les Mokh sur ce coup surestime un peu l’opinion public qui ne court que derrière la Batata!Merci Mr Benbouzid de nous avoir piqué avec votre produit lethargique,on ne pense plus qu’à notre panse à present!Thanks a lot!
Une ex etudiante sous Benbouzid qui a son fils scolarisé sous Benbouzid,qui dit mieux?
Le fond de ma pensée est le suivant :
Je suis excédé de voir le pouvoir nous exhiber périodiquement ses épouvantails.
Eh bien, qu’il nous sorte un FIS bis ! et alors ?
Ce sera le chaos pour de bon ! moi je suis pour le vrai chaos, celui dans le sillage duquel la société algérienne sera purifiée, totalement purifiée !
Ilhem, une républicaine prète à assumer le désordre !
vous savez tous très bien (le peuple algérien !)que boutef veut régner à vie ! déja en 2006 j’en discutait avec mon cousin ,je n’y croyait pas et pourtant!
maintenant, toute leurs manoeuvres politiciennes sont bonne pour les ignorant , sachant QU’IL N’ Y A PAS D’ OPPOSITION , il n’y a pas 56 solutions pour c’en sortir car c’est direct retour avant octobre 88 avec tous ses morts, et evidemment le fis en plus !
pauvre peuple et pauvre Algérie !
Quand je vois les images à la télévision des paysages lunaires
d’Afghanistan et d’Irak, je dis : Dieu de tous les homme,protège
notre pauvre pays.Mais le Dieu de tous les hommes a détourné son
regard de nos contrées et il n’entend plus nos prières. Alors,
s’il est écrit quelque part que les fous de Dieu allait effacer de
la carte du globe ce beau pays.Ainsi soit-il, amen.
Entièrement d’accord avec Ilhem ! ce régime finira par tomber dans les pièges qu’il croit pouvoir tendre au peuple impunément !
Je pense en effet qu’il faut pousser ce pouvoir dans ses derniers retranchements.
Ils veulent réhabiliter le FIS, soit ! mais alors, nous leur disons : » nous sortirons, nous aussi, l’artillerie lourde avec tout la logistique nécessaire, de Béjaia, à Tizi-Ouzou, en passant par Azzefoun, Akbou, le Djurdjura… ! « . je me comprends et je suis sûr qu’on me comprend.
Rachid Terjoin
entierement d’accord avec toi rachide , et pour tout dire , je dis depuis quelques années maintenant que le salut eventuel de ce pays viendra de son chaos total , que le sang coule a flot le notre certes , mais le leur aussi certainement, car trop c’est trop , y’en a marre y’en a marre de cette pouriture qui nous vide de notre substance vitale petit a petit , laissons notre colére exploser une fois pour toute et advienne que poura, c’est la seule solution et l’unique pour purifier ce pays
Je tente une question :
Et si le F.I.S. revenait (peu importe le sigle), est-ce qu’il pourrait remporter les élections municipales ?
Il s’agit d’une question apparemment bête mais il est très intéressant de connaître les avis des uns et des autres.
Mais pour ce qui me concerne, la réponse est claire comme l’eau de roche : le FIS aura sa majorité un peu partout !!!!
A mon sens, si toutefois, vous êtes de mon avis, c’est à partir de là que nous devons faire une analyse objective et exhaustive et d’engisager des solutions.
Autrement dit, déverser notre bile, tirer sur tout ce qui bouge, ne nous menera nulle part et j’en ai l’intime conviction.
aux armes citoyens!!!
les maquis sont toujours là et ils n’ont qu’à s’essayer à jouer avec le feu!
on se battra ;on mourra,mais ils n’auront jamais une seconde de répit dans leurs vies!!!ça c’est une promesse que je fais à tous les martyrs mort pour qu’on vive libre et en république!!!elle ne sera jamais islamiste l’algérie quitte à s’associer au diable!!!!
Monsieur Terjoin,je vous reçois 5/5 mais va falloir faire très attention avec « l’artillerie » et « la logistique ».
Le DRS trismegiste n’aura de cesse d’anéantir ou d’infiltrer et stériliser toute velleité kabyle porteuse d’avenir.En dernière instance, je suis sur que sommeille dans un tiroir des officines de Médiène et consort une vieille création désactivée et réactivable nommée MAB (mouvement armé bérbère).
Ce mouvement fantomatique trés éphémère(à l’instar,dans d’autres registres, des ghadhiboune ala ellah,cavaliers barbus aux doigts coupés qui apparurent un moment dans la mitidja,ou de l’OJAL,etc…)avait fait les entrefilets de la presse en une période similaire à celle que nous allons vivre avec le retour officiel des tenants du moyen-age.
Attention et Vigilance sont de mise.
Je n’en partage pas moins avec vous « la certitude chevillée » que la kabylie demeurera toujours viscéralement et particulièrement imperméable à tous les partis théocrates.Inchallah.