Mme Hanoune et les marchands de talismans 22 septembre, 2007
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On se réjouirait presque, si les temps se prêtaient à l’allégresse, on se réjouirait presque de l’écouter nous avertir enfin de la réalité de nos malheurs. Louisa Hanoune divorce avec le discours officiel et pense que, sur la question du terrorisme, « on cache la vérité aux Algériens » et qu’il « est temps de tout dire à l’opinion publique sur la situation sécuritaire du pays ». Oui, on se réjouirait presque qu’un esprit si clairvoyant, si avisé et si peu dupe, reprenne à son compte les refrains des oiseaux du malheur, comme il s’en chante tant sur ce blog.
Car, en vérité, il était « temps » depuis des années, mais comment contrarier une si bienvenue lucidité quand elle sort d’une bouche aussi perspicace et qui, à sa façon, avait toujours minimisé la très grave réalité du terrorisme ? Mme Hanoune traduit un désarroi tardif du pouvoir : Al-Qaida est là, on ne l’a pas vu venir et on ne sait comment lui livrer la guerre !
Comment en-est-on venu à une si frappante cécité ? Par la négation du danger Al-Qaida au moyen de deux dérisoires subterfuges : la fuite en avant enveloppée dans des analyses grandiloquentes confortant la « main de l’étranger » et dont Mme Hanoune fut l’une des spécialistes ; le mensonge tout entier contenu dans ces talismans écrits dans des officines propagandistes et qui décrivent un « GSPC agonisant » et « tiraillé »
Plutôt que de regarder en face Al-Qaida, on a expliqué la nature du terrorisme par des « stratégies de représailles extérieures » destinées, n’est-ce-pas Mme Hanoune, à « punir l’Algérie » pour ses positions sur les hydrocarbures, le nucléaire iranien, le soutien à Chavez, et tutti quanti…Cela revenait à nier la réalité d’Al-Qaida. Une autre façon de formuler le qui-tue-qui. Seulement voilà : nier la réalité d’Al-Qaida, c’est-à-dire d’une armée islamiste menant une guerre contre notre pays au nom d’une « reconquête » et ambitionnant d’y installer un pouvoir conforme à la charia, nous a coûté très cher. On a empêché la « visibilité » de l’ennemi, et dangereusement perverti la nature et l’enjeu du conflit qui l’opposait à notre pays.
Pour différentes raisons liés à ses calculs politiciens de survie, à ses projets d’alliance avec les islamistes, à ses dogmes mais aussi à son hybridité et à son obsolescence, le pouvoir – Armée et Bouteflika réunis – avait intérêt à nier la réalité d’Al-Qaida. Nous en payons le prix.
L’autre moyen de fuir la « vérité Al-Qaida » c’est l’ironie, le mensonge, les calembredaines qu’on sert à longueur de journée dans ces écrits annonçant « la fin proche du terrorisme » et présentant Al-Qaida Maghreb comme une « mouvance déchirée ». Des procédés d’un autre âge qui ont arraché ce matin cette pathétique conclusion à l’éditorialiste de l’Expression : « Dans cette atmosphère de mort et de désolation, il ne fait aucun doute que les échos qui nous parviennent du maquis sur les règlements de compte entre terroristes, et le chef Droukdel qui aurait été évincé, n’apportent rien de nouveau. Sinon que le maquis n’a pas cessé d’être et la jungle et l’enfer qu’il a toujours été. »
Tenons-nous en à cette conclusion et à la lucidité retrouvée de Mme Hanoune.
Il n’est pas trop tard pour envisager une riposte nationale, loin des fadaises, avec des objectifs politiques clairs : la démocratie et l’édification d’une autre Algérie, moderne et émancipée de ses parrains. Avec un ennemi identifié : l’intégrisme islamiste.
Mohamed Benchicou
Le changement, quand et comment ? 20 septembre, 2007
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Une nouvelle chambre d’enregistrement a été « élue » le 17 mai écoulé pour cinq nouvelles années (2007-2012). La 6e législature depuis l’indépendance ; la 2e sous un multipartisme de façade.
Que peut-on dire et conclure à cet effet ? Après hibernation depuis plusieurs années, des groupuscules, sans ancrage réel dans la société, sont réapparus, le temps d’un scrutin, sous des étiquettes plus ou moins saugrenues, afin d’entretenir l’illusion démocratique. Le paradoxe, plutôt l’aberration dans cette mascarade, c’est que dans leur quasi-majorité, les « partis », ayant participé à ce dernier scrutin, avec ou sans programme cohérent, soutiennent, in fine, celui du président de la République. La vérité, c’est qu’on ne sait plus qui est dans l’opposition et qui est avec la majorité, c’est-à-dire le pouvoir en place. Car, dans une véritable démocratie, la majorité gouverne alors que l’opposition sert de contre-pouvoir. On ne peut pas avoir un pied dans l’un et un dans l’autre. Cependant, alors qu’ils ne sont qu’un peu plus d’une vingtaine aujourd’hui, rappelons que leur nombre avoisinait la soixantaine au lendemain de la constitution « pluraliste » de février 1989 ! Dans le sillage d’un multipartisme débridé, le pouvoir a été large, lui, qui a autorisé même la création de partis à caractère religieux, clanique et régionaliste. Alors même que ladite constitution l’a explicitement interdit ! C’est dire… Mais il fallait diviser pour régner. Quitte à s’allier avec le diable, pour rester au pouvoir ou en lâcher une partie, afin que le « système » survive et se régénère pour devenir plus supportable, plus sociable, après les événements sanglants d’octobre 1988 qui ont failli l’ébranler ! Mais, peut-on tromper un peuple tout le temps ? Les masques sont tombés. En 2002, le taux de participation aux législatives était de 46% déjà. Cette fois, il est de 35%, officiellement du moins. Alors, n’est-ce pas une réponse cinglante du peuple au régime omnipotent qui le gouverne sans partage depuis l’indépendance. Et la prochaine fois, en 2012, il sera de combien ? Très certainement encore plus faible et ainsi de suite jusqu’à devenir presque nul. Pourquoi donc ne pas prendre immédiatement en considération cette nouvelle donne populaire avant qu’il ne soit trop tard. Car, c’est bien un cri de désespoir, une expression de ras-le-bol et l’exigence de changement qui ont globalement été exprimés durant la fatidique journée du 17 mai 2007. Combien de temps encore le pouvoir restera-t-il insensible à cet appel de l’écrasante majorité du peuple, assoiffée de réformes, de libertés et de véritable démocratie ? Muselé, censuré dans ses droits inaliénables de penser, de créer, de s’exprimer librement, interdit de manifestations pacifiques même pour des causes les plus nobles, sous peine de répression, il a enfin trouvé la voie la plus simple, la plus légale, la plus originale aussi, pour enfin s’exprimer. N’est-ce pas fantastique. Par son abstention et son vote « nul », il a dit « assez » aux tenants du « système ». Cela suffit, 45 ans barakat ! Rentrez chez vous. Laissez les générations actuelles et montantes prendre leurs destinées en mains comme l’ont si bien fait celles du 1er Novembre 1954 ! Il y a tellement de défis à relever en ce début du XXIe siècle : lutte contre la pauvreté, contre le chômage, aspiration à une vie meilleure et digne, réforme et modernisation des institutions, développement économique harmonieux, égalité des chances et des droits pour tous, participation au boom technologique universel par la modernisation de notre école, de notre université et la dynamisation de la recherche scientifique. Pour ce faire, rendez-nous toutes nos libertés politiques, de pensée, d’expression, de création dont la revendication a presque entièrement accaparé nos énergies à ce jour. Vous avez gouverné sans partage. Votre laboratoire noir nous a sorti toutes les facettes possibles — souvent inimaginables — de gouvernance : coup de force, coup d’Etat, révolution de palais, démission forcée, transition forcée, multipartisme version parti unique, sans compter les constitutions personnalisées (à chaque Président sa Constitution). Que reste-t-il encore à concocter : une gouvernance à vie… ? Soyons sérieux. Ce n’est plus d’époque. Vous êtes en fin de parcours. Soyez beaux joueurs. Vous pouvez être tranquilles, nous ne demanderons des comptes à personne car personne en particulier n’est responsable mais tous le sont, y compris le peuple, peut-être plus ce dernier. Seule l’histoire vous jugera. La véritable histoire, celle qui sera écrite demain, sous peu, par de véritables historiens sortis de l’université ; pas des officines de service. Que veut en fait le peuple ? L’avènement d’une seconde république démocratique, sociale, moderne, selon les principes de la proclamation du 1er Novembre 1954 et le contenu de la plateforme de la Soummam du 20 Août 1956. Le pouvoir, les partis de l’alliance présidentielle, les groupuscules béni-oui-oui et quelques analystes de même obédience ont attribué la déconfiture électorale du 17 mai à un rejet des partis par le peuple. Attribuer ce fiasco aux seuls partis politiques est tout à fait simpliste et sonne, comme toujours, comme une fuite en avant. Certes, ces derniers ont une part de responsabilité dans la désaffection des masses et leur éloignement, voire leur aversion de la chose publique, de la chose politique. Mais, le principal responsable demeure sans équivoque, le « système ». Des partis, des politologues, des hommes politiques, des économistes et des intellectuels en général ont essayé durant ces derniers temps de décortiquer les raisons de la crise multidimensionnelle que connaît notre pays en essayant d’y apporter des propositions de solutions. La plupart des analyses se rejoignent, de même que la plupart des solutions proposées. Mais il me semble que celles-ci manquent de clarté car aucun véritable plan de sortie de crise n’est explicitement soumis aux autorités sous forme de plateforme revendicative. De plus, les efforts et autres propositions sont faits par la voie de la presse écrite seulement, donc destinés à une frange minoritaire de la population. Alors que le média le plus adéquat demeure la télévision, même si beaucoup fuient l’Unique à cause de son côté trop propagandiste du pouvoir. Enfin, chacun prêche en solo. Malgré quelques tentatives de regroupement initiées par ci par là, la mouvance républicaine n’a pas réussi à s’entendre sur un minimum politique commun de discussion. Les causes de cet échec sont multiples : manque de traditions dans ce domaine, sous-culture politique, visions restreintes et partisanes, égoïsme et esprit de leadership des dirigeants de partis. Ainsi, cette division de « l’opposition », qui constitue sa faiblesse, ne fait que renforcer le pouvoir qui se dit soutenu par les masses. D’un autre côté, ce pouvoir a l’air de nous dire : « D’accord, nous voulons que ça change mais nous n’avons pas de partenaire sérieux et vraiment représentatif. » En cela, et en cela seulement, il aura raison. Notre célèbre poète et chanteur Aït-Menguellet le dit bien dans une de ses mélodies : « Si tu veux que ça change, commence par toi-même. » Cet état d’esprit des Algériens est également évoqué par d’autres artistes, non moins prestigieux, notamment Slimane Azem avec Ana mir ouanta mir (moi, je suis le maire (chef) toi, tu es le maire. Qui va donc conduire l’âne ?). Alors, messieurs des partis, secouez-vous ! Il y va de l’avenir du pays et des générations actuelles et à venir. L’histoire vous jugera vous aussi. Soyez donc dignes, honnêtes, ouverts au dialogue, à la concertation et, pourquoi pas, à l’union. Allez, rêvons un peu d’une véritable sortie de crise. Il y a quelques jours, j’ai fait un rêve dont voici grosso modo, les principales caractéristiques : « Après diverses tentatives faites par certains mouvements, associations et partis, en particulier ou de façon concertée, après des déclarations disparates de quelques personnalités nationales et d’intellectuels, voilà qu’une plateforme d’unification de l’opposition est arrivée à maturité. Après analyse par des experts, cet avant-projet est finalisé sous forme de « plateforme politique de sortie de crise » approuvée par tous. Elle est soumise au pouvoir sous le plan ci-dessous :
Abrogation de l’état d’urgence.
Amnistie générale.
Création d’une commission nationale « vérité et réconciliation ».
Ouverture de pourparlers avec l’opposition signataire de la plateforme et d’autres courants politiques.
Déclaration solennelle du président de la République sur le respect de la démocratie, l’alternance au pouvoir et l’application des décisions sorties des discussions à venir.
Dissolution de l’assemblée nationale.
Election d’une assemblée constituante ou désignation d’un groupe d’experts indépendants pour la rédaction d’une nouvelle constitution proclamant la deuxième République.
Référendum sur la nouvelle Constitution.
Elections libres pour le renouvellement des institutions (présidentielle puis élections législatives et locales). Il demeure entendu que ni le Président en exercice ni aucun dauphin autoproclamé ne sera candidat à la future candidature suprême.
Démission officielle du Président et passation de pouvoirs avec le nouvel élu. Suite à ce cri de détresse des 2/3 du peuple et, toujours en songe, ce plan est accepté par le pouvoir dans sa forme comme sur le fond, après quelques retouches superficielles. Bien entendu, après avoir tourné et retourné la situation, tant nationale qu’internationale, analysé les causes du fiasco et du marasme actuels, tout le monde est arrivé au seul résultat logique : le changement de régime de manière pacifique, dans le strict respect des valeurs universelles des droits de l’homme et du droit des peuples à choisir librement leurs dirigeants. Ainsi, après quelques semaines de remise en question, de réflexion, le Président malade, dans un sursaut de grandeur, en grand homme d’Etat et grand visionnaire, accepte d’ouvrir des discussions sur la plateforme précitée. Après discussion dans une ambiance sereine, empreinte de franchise et d’honnêteté, l’accord est conclu. Il est total et sans appel et englobe la quasi-totalité des sujets discutés. Le Président réservera une déclaration à cet effet à l’occasion de l’anniversaire de la Fête de la révolution, le 1er Novembre prochain. A partir de cette date, le cauchemar, qui aura duré 45 ans, sera terminé pour le peuple algérien. Tout ce scénario fiction, devenu enfin réalité après cette date, se concrétisera les mois de novembre et décembre 2007. Au premier janvier 2008, l’Algérie se réveillera avec un nouveau Président, une nouvelle constitution, un nouveau parlement, de nouvelles assemblées locales. La démocratie aura triomphé. Il n’y aura ni vainqueur ni vaincu. La paix est enfin définitivement rétablie et l’unité nationale préservée. Le pays peut enfin se remettre sérieusement au travail, se développer et avancer afin d’atteindre le peloton de tête des pays émergents, compte tenu de ses potentialités humaines, de ses ressources et de sa position géostratégique en Afrique et dans le reste de l’ex-Tiers-monde. » Mais, amis lecteurs, tout ceci n’est qu’une projection d’un rêveur. Revenons donc à l’amère réalité et cultivons la culture de l’espoir afin de voir un jour — que nous espérons plus ou moins proche — la concrétisation d’un tel scénario de songe. Ce n’est qu’à ce moment-là que le cauchemar sera véritablement terminé.
L’auteur est cadre retraité
El-Wtan (17 septembre 2007)
La privatisation du CPA paraît obéir à des considérations politico mafieuses
Posté par benchicou dans : Algérie : analyses et polémiques , 22 commentairesMerci au Matin de mettre en évidence les dessous du processus de privatisation du CPA, autant que la presse algérienne semble avoir définitivement choisi de mettre une chape de plomb sur ce dossier
Pourtant la privatisation du CPA est bel et bien appelée à couvrir la fuite des 900 millions de dollars de créances « non productives ou non performantes » (bel euphémisme juridico comptable pour berner tout le monde tout en respectant les formes.
Mais il n’y a pas que cela puisque la cession du CPA banque publique dont les résultats financiers sont plus que positifs (la question des créances douteuses est à appréhender sur un autre registre) constitue un risque réel sur la sécurité financière du pays.
L’Etat est-il conscient qu’en se délestant du CPA, il vulnérabilisera sa politique financière et se retouvera à partager le levier stratégique des réserves de change avec une banque étrangère (certainement française) qui bénéficiera d’une enveloppe cash annuelle de 3,5 milliards de dollars pour couvrir des importations facilement orientables sur des entreprises françaises et pour en manipuler les mécannismes à sa guise ?
Les aspects sécuritaires de cette opération semblent échapper totalement à nos décideurs et aux technocrates en charge de ce dossier, à savoir Fatiha Mentouri et Karim Djoudi respectivement ministre de la réforme financière et ministre des finances.
La privatisation du CPA paraît obéir à des considérations politico mafieuses ; le gouvernement algérien semble soucieux de donner une sorte de gage aux milieux d’affaires internationaux tout en profitant de cette opportunité pour passer par pertes et profits (pour le trésor algérien) les 900 millions de dollars qui ont fui le pays entre 1997 et 2006.
Il faut rester mobilisés autour de cette grande arnaque que des trabendistes occultes veulent réaliser via une privatisation menée de façon opaque et masquant une guerre des clans autour d’un pactole qui dépasse en réalité les 900 millions de dollars puisqu’il faut y ajouter la « prime » que le repreneur devra verser à ceux qui lui auront favorisé dans la reprise du CPA.
Slim Trika, Djamel Redouane et Rym Imsat (cadres du secteur bancaire)
Débat : Le pouvoir algérien est-il essoufflé ?
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Divorce et conséquences Par : Abed Charef (QO) Une ère a pris fin en Algérie. Celle où le pouvoir était encore omniprésent. Désormais, l’Algérie devra se construire sans lui. L’Algérie a basculé. En ce début septembre 2007, marqué par les douloureux attentats de Batna et Dellys, des mythes sont tombés et des illusions ont été définitivement balayées. Une ère a pris fin, celle où il était encore attendu du pouvoir qu’il prenne des initiatives ou qu’il contribue à sortir le pays de la crise. Une autre ère a commencé, celle où il appartient désormais à la société, dans ses différentes composantes, de construire ses propres alternatives, avec le pouvoir ou, peut-être, sans lui. En fait, cette nouvelle réalité ne s’est pas imposée du jour au lendemain. Elle est le résultat d’une longue accumulation d’échecs et de mauvais choix. La récente flambée de violence, avec les attentats de Batna et Dellys, n’ont constitué que le déclic révélateur d’une situation nouvelle, porteuse d’espoirs certes, mais de nombreux dangers aussi. D’une certaine manière, c’est le pouvoir lui-même qui a imposé cette réalité, par ses propres échecs. Et ils sont nombreux. Il y a d’abord eu l’échec de sa politique sécuritaire. Celle-ci a été érigée en dogme. Nécessaires, sinon vitales, pour garantir la stabilité du pays, les mesures sécuritaires ne constituent cependant qu’un volet d’une démarche incluant l’ensemble du champ politique et social. Mais en Algérie, elle a été érigée en démarche politique centrale, excluant tout le reste. Elle a mené droit à l’échec, car ses promoteurs ont refusé de comprendre que si l’entreprise ne crée pas d’emplois, si l’école ne forme pas de citoyens, si la société n’offre pas de structures de solidarité, et si les acteurs politiques ne prennent pas en charge les aspirations des gens, le policier peut bien traquer le terroriste, il y aura toujours plus de terroristes prêts à prendre les armes que de terroristes arrêtés ou éliminés. En un mot, le pouvoir a refusé de comprendre qu’il ne sert à rien de combattre des terroristes si on n’arrête pas la machine qui les fabrique. Cette vision sécuritaire a, en quelque sorte, provoqué à son tour un échec de la réconciliation. Ceux qui considéraient que le terrorisme était une simple question de groupes armés pensaient qu’un compromis avec ces groupes mettrait fin au terrorisme. Mais si le niveau de violence a effectivement baissé, le terrorisme est toujours là et, plus grave encore, les conditions d’une résurgence de la violence sont toujours réunies, car les éléments de l’épanouissement politique, économique et social font toujours défaut. Ceci alimente le désespoir, qui se manifeste de plusieurs manières : terrorisme, mais aussi suicide, drogue, délinquance, enlèvements, ainsi que ce terrible phénomène des « harraga », qui voit des milliers de jeunes Algériens se lancer dans une aventure suicidaire plutôt que de vivre dans leur propre pays. La réconciliation a finalement concerné une partie de ceux qui avaient pris les armes et ceux qui les avaient combattus. Elle n’a pas inclus la société. Plus grave encore, eux qui ont toujours refusé la violence, et qui ont toujours milité pour des choix politiques pacifiques, se trouvent de fait exclus du champ de la réconciliation. Ce simple élément suffirait en fait pour affirmer que l’entreprise de réconciliation n’a pas abouti. A côté de ces grands échecs, il y en a d’autres, plus évidents encore. Sur le plan économique, c’est la déroute la plus totale. Un gouvernement, dirigeant un pays doté d’immenses réserves financières, n’arrive pas à trancher sur des questions aussi rudimentaires que l’approvisionnement en lait et en pomme de terre. Cette manière de gérer le pays a transformé l’actualité nationale en une succession de drames, de faits divers sanglants, d’actes terroristes, de comportements ridicules et de scandales. Jusqu’au chef de l’Etat qui fait adopter une ordonnance dans un faux conseil de ministres, pour la faire avaliser ensuite par un Parlement dont aucun membre ne relève la forfaiture. D’autre part, ce mois de septembre a donné lieu à une dérive grave, révélatrice d’une évolution très dangereuse : les symboles même de l’Etat et de sa sécurité sont devenus des cibles du terrorisme. Cela amène naturellement à se poser des questions, au sein même du pouvoir et chez ses partenaires, nationaux et étrangers, sur les conséquences de cette évolution: jusqu’où ira l’incapacité du pouvoir ? Ne risque-t-il pas de s’enfermer encore plus dans son autisme, ce qui peut générer de nouveaux dérapages sanglants ? Enfin, à tout cela, se greffe une atmosphère de fin de règne, qui se prolonge indéfiniment. Plus que l’état de santé du chef de l’Etat, qui donne lieu à des rumeurs cycliques, c’est l’état de santé du système qui pose problème. Il a longtemps été question de lui permettre d’évoluer, de le réformer, sous une forme ou une autre, pour lui permettre de s’adapter. Au départ, sa participation paraissait nécessaire dans le processus du changement parce qu’il renfermait encore l’essentiel des capacités du pays. L’amener à changer signifiait alors qu’il mettrait ses ressources au service de l’évolution du pays. Plus tard, la participation de ce système au changement aurait signifié qu’il pourrait survivre en s’adaptant aux nouvelles règles du jeu, et que le pays n’aurait pas à subir son immense capacité de nuisance. Mais aujourd’hui, tout laisse penser que l’Algérie devra peut-être se résoudre à chercher ailleurs. Le système a devant lui les constats – l’échec de la terreur, de la répression, l’impasse à laquelle mènent l’exclusion et la négation de la politique. Il sait aussi où les solutions peuvent être trouvées, notamment dans la démocratisation du pouvoir. Mais quand il était fort, il avait refusé de s’engager dans les vraies solutions. Plus tard, il s’est affaibli, et il était devenu incapable de se rendre compte de ses erreurs. Aujourd’hui, non seulement il ne peut plus formuler des propositions de sortie de crise, mais il semble même incapable de prendre conscience de l’impasse dans laquelle il se trouve, ni de l’impasse dans laquelle se trouve le pays. La nouvelle Algérie se fera-t-elle avec le pouvoir, sans lui ou contre lui ? Si elle doit se faire contre lui, cela porte le risque de nouvelles épreuves douloureuses. Mais comme dans un couple qui se sépare, le plus important est d’admettre le divorce et d’en assumer les retombées. Ensuite, les solutions s’imposeront d’elles-mêmes. |
Forum Le Matin : Ferhat Mehenni répond à vos questions 17 septembre, 2007
Posté par benchicou dans : Algérie : analyses et polémiques , 32 commentaires
Forum Le Matin : Ferhat Mehenni répond à vos questions
« Pourquoi je veux l’autonomie de la Kabylie »
(1ère partie - La seconde partie du forum reprendra à 21 heures)
Ouiza :| Bonjour. Au lieu de vivre dans l’utopie, ne vaut il pas mieux se rassembler pour sauver notre patrie car elle est en danger ? Actuellement, et je dirais même comme d’habitude, l’opposition, si opposition il y a, ne brille que par son absence. Aux prochaines élections, elle nous ressortira le couplet “élections corrompues donc nous nous retirons”. Vous qui faites partie de l’opposition ne pensez vous pas qu’un parti unique d’opposition serait plus à même de rassembler le plus de monde dans la mesure bien sur que les dirigeants font abstraction de leurs intérêts ?
Ferhat : Je pense que, dans la situation qui est celle de la classe politique algérienne d’aujourd’hui, c’est plutôt le fait de vouloir un parti unique d’opposition qui est du domaine de l’utopie. N’oublions pas que la démocratie est pluralité d’opinions, de projets et d’organisations. Les processus de maturation à travers lesquels elle arrive à faire converger les idées, les hommes et les structures sont longs et laborieux. Pour le moment, nous sommes très loin de cette éventualité. Entre temps, le danger menace la Kabylie et la démocratie, probablement parce qu’elles sont intimement liées. J’ai bien peur que nous soyons dans la phase où beaucoup d’Algériennes et d’Algériens nous fustigent pour la simple raison qu’ils confondent le régime et la patrie. Nous aimons l’Algérie mais pas son régime. La priorité pour le moment est de sauver la Kabylie. Le jour où nous y parviendrons nous pourrons peut-être mieux contribuer à redonner sens au combat algérien.
Hadid : D’abord je dois dire que je soutiens le projet d’autonomie de la Kabylie ! Ma question : quelle est la raison politique de votre démission du RCD ? Ça peut toujours nous aider a comprendre mieux cette mouvance démocratique !
Ferhat : Merci pour votre soutien. Mon départ du RCD est motivé par des considérations politiques. Je ne me retrouvais plus dans la ligne du parti. Je sais que certains me reprochent de ne pas cultiver la fidélité au sigle, j’aime mieux cultiver la fidélité aux principes et particulièrement à ceux de probité et de rectitude morale.
Louiza : Bonjour messieurs Mehenni et Benchicou. Seriez-vous prêt à entamer des discussions avec le RCD et le FFS afin de former une alliance qui donnerait de la force à notre revendication pour l’Autonomie ?? Il me semble que cette dernière est indispensable,
Merci pour votre réponse. Vous avez tous deux tout mon respect et toute mon admiration. Vive la Kabylie libre et autonome !!!
Ferhat : Le MAK est un mouvement kabyle qui en a conscience et qui le revendique. Le FFS et le RCD sont des partis à ancrage certes kabyle mais qui revendiquent une dimension nationale. Il serait préférable de leur poser la question à eux de savoir si le fait de s’asseoir à la même table que nous ne les incommoderait pas. Pour réaliser l’autonomie de la Kabylie, le MAK est tenu de discuter dans la région avec tous les acteurs politiques, économiques, sociaux et culturels qui le souhaitent.
Zahir : Bonsoir, monsieur Ferhat Mehenni : N’est il pas mieux “d’adhérer à une mouvance ou un parti politique qui dans son projet milite pour le projet de régionalisation ou tout simplement de fédéralisme comme quelque leaders politique l’ont fait entendre dans leurs discours, cela a fin d’eviter que seule une région, en l’occurrence la Kabylie, soit une encore une fois la seule à devoir payer le prix de cette revendication… Autrement dit faire associer d’autres acteurs ou même d’autres partis autour de ce projet et d’essayer de sensibiliser tous les Algériens autour de cette cause?
Merci….
Ferhat : Le MAK n’est pas un obstacle à une « mouvance démocratique » qui militerait pour la « régionalisation » ou le « fédéralisme ». Au contraire, il la favorise en étant pour elle un argument de poids pour entraîner plus d’Algériens derrière elle ou pour obtenir satisfaction de sa revendication auprès des « décideurs ». Il est donc utile que le MAK en ait une existence parallèle. Il serait même souhaitable pour elle que, dans notre sillage, d’autres mouvements autonomistes voient le jour dans toutes les régions du pays.
Quant au fait de brandir le danger que la Kabylie soit « encore une fois, la seule région à devoir payer le prix de cette revendication » me parait ne pas tenir compte ni de l’état d’isolement dans lequel elle se trouve depuis 80 ans, ni de ses aspirations identitaires et religieuses qui sont, dans certains cas, à l’opposé de celles de l’écrasante majorité des autres Algériens. Que ce soit en 1963 lors de l’insurrection du FFS, au Printemps berbère de 1980 avec le MCB ou, enfin, au Printemps Noir de 2001 avec le mouvement des Archs, la Kabylie n’a pu ni entraîner derrière elle d’autres régions ou d’autres Algériens, ni bénéficier d’une solidarité à même de l’alléger d’une partie de la facture que l’Histoire lui a présentée. Croyez-moi, ni Ferhat Mehenni ni le MAK ne s’opposent à ce que cette « mouvance démocratique », qui est pour le moment difficilement visible, aille coopter ou faire « associer » d’autres acteurs et d’autres régions à son projet et à sa démarche. Il suffirait de nous prouver son enracinement en dehors de la Kabylie pour que nous soyons prêts à prendre langue avec elle. Si, par contre, cette « mouvance », une fois de plus, n’est animée que par des Kabyles qui se cachent derrière leur petit doigt et qui pensent qu’ils vont ruser avec les Algériens devant lesquels ils se feraient pour un mouvement « national », ils se trompent lourdement. 44 ans d’existence du FFS et bientôt 20 ans du RCD ne leur auront pas suffi à en tirer toutes les conséquences.
Belaitouche Lounis : Azul à l’Ancien. Pour la question la voici: Cher Ferhat comment comptes tu t’y prendre avec tes potes et tous les adeptes par rapport à ce cher projets avec toute cette nuée de “kabyles de service”? Aussi n’a-t-on pas dit chez nous Thikhsi its yanghan dhi dhamnis? Thanmirth à l’ancien
Ferhat : Le MAK ne désespère d’aucun Kabyle et n’insultera ni l’avenir ni personne. Il reste néanmoins vigilant quant à la duplicité des individus. Il n’est pas exclu que parmi ceux que vous appelez les « Kabyles de service » il y en ait d’authentiques autonomistes.
Djamel Istrouf : Monsieur Ferhat Mehenni, permettez-moi de vous poser 4 petites questions:
1- Pensez-vous qu’une Kabylie autonome soit un projet crédible sur le plan économique ?
2- Quelles sont les grandes lignes de votre programme sur ce volet ?
3- Votre projet n’est-il pas porteur d’un risque réel de guerre civile ?
4- Dans l’hypothèse où votre projet aboutirait, songeriez-vous à demander l’adhésion de la Kabylie à l’Union européenne ?
Ferhat : 1) Le MAK ne demande pas l’indépendance de la Kabylie mais son autonomie régionale qui lui permettra demain de prendre en main son développement économique alors que jusqu’ici celui-ci dépend du pouvoir dont la volonté est, plutôt, de le saboter. Une autonomie régionale suppose la mise sur pied d’un Etat régional kabyle qui sera le meilleur avocat pour défendre les intérêts économiques de la Kabylie auprès du pouvoir central algérien.
2) Le MAK n’est pas un parti politique pour présenter un programme économique. Ce sera la tâche des formations politiques qui ambitionneront de gouverner la Kabylie autonome, une fois celle-ci advenue.
3) Ce n’est pas notre projet qui est porteur de risque de guerre civile mais l’absence de perspective qui satisfasse les revendications politiques et culturelles kabyles. Le Printemps Noir a démontré la faillite de toutes les démarches éprouvées jusqu’ici autant par le pouvoir algérien que son opposition dans la région.
- Demander l’adhésion de la Kabylie autonome à l’UE n’est pas au programme ou alors, vous et nous ne donnons pas le même sens au concept d’autonomie régionale.
Batni Trolard : M.Mehenni, pensez-vous inscrire votre démarche dans un processus d’extension (en termes d’influence et de source d’inspiration) aux autres régions d’Algérie ou bien la limiterez-vous à la seule région de Kabylie ? L’idée d’autonomie suggère t-elle pour vous l’indépendance totale, à terme, de la Kabylie ou bien restera t-elle intimement liée à l’Algérie, au plan géostratégique ?
Ferhat :Le MAK limite sa revendication à la Kabylie. Il souhaiterait voir d’autres régions du pays revendiquer leur autonomie et donner naissance chacune à sa propre organisation autonomiste. Nous n’avons pas pour vocation de porter le combat de toutes les régions, quand bien même nous le voudrions que nous ne le pourrions pas. Il ne serait pas légitime de notre part de confisquer aux autres régions leurs rêves et leurs espoirs qui ne sont pas identiques aux nôtres. Par ailleurs, aujourd’hui la Kabylie a davantage besoin du soutien des autres régions qu’elle ne peut leur en apporter. Et puisque votre pseudonyme est Batni, (originaire de Batna) je suppose que vous êtes déjà au courant de la création en France du MAC (Mouvement pour l’Autonomie Chaouie) qui est venu nous soutenir lors de notre rassemblement sur la Place de la Bastille à Paris, le 28 avril 2007, et que je salue.
Brahami : Monsieur Ferhat M’Henni j’ai beaucoup d’admiration pour vous et ceci depuis toujours. J’ai une petite question à vous poser. Vous n’êtes sans doute pas loin de la soixantaine. Sincèrement, est-ce que vous pensez que l’autonomie que vous revendiquez se fera de votre vivant ? J’avoue que c’est une question qui me taraude l’esprit. Je vous souhaite longue vie et beaucoup de courage.
Ferhat : J’ai 56 ans. J’ai vécu la guerre d’indépendance (1954-1962), puis celle menée sous la bannière du FFS en Kabylie de 1963 à 1965 ; j’ai été arrêté 12 fois entre 1976 et 1985, torturé au commissariat central le 17 avril 1980, traduit devant la Cour de Sûreté de l’Etat en décembre 1985 avec la peine de mort comme possible condamnation ; j’ai été pris en otage dans l’airbus d’Air France (24-26 décembre 1994), j’ai échappé à plusieurs traquenards visant à m’assassiner depuis 1992 dont le dernier en date remonte à fin février 2002 à Azazga. Vous voyez, toute ma vie, j’ai tutoyé ma mort et je n’ai jamais pensé avoir la chance de vivre autant. Tandis que mon père, maquisard de la guerre d’indépendance, lui, est tombé les armes à la main à l’âge de 37 ans, en 1961, en Kabylie. Dans une certaine mesure, la jeunesse n’a jamais garanti à qui que ce soit de récolter, de son vivant, les fruits de ce qu’il a semé. Regardez le cas de mon fils Ameziane, promis à un bel avenir et assassiné à l’âge de 30 ans, alors que j’étais sûr que, lui, il verrait se lever le jour de l’autonomie de la Kabylie. Quand on se bat pour une cause, on ne regarde pas aux sacrifices qu’on y consent. Un militant est celui qui cumule conviction et générosité. Il est don de soi. J’essaie en toute modestie d’en être un.
Abdelhadi Nouicer : vous étiez parmi les passagers de l’avion détourné par le GIA en décembre 1994 et vous avez été épargné. Pourquoi ? On dit que derrière cet événement il y avait les services de sécurité algérienne et française et les victimes ont été soigneusement choisies. Merci
Ferhat : J’espère que vos propos dépassent votre pensée. Devrais-je comprendre à travers votre question que vous me prêteriez des complicités soit avec les terroristes, soit avec la sécurité algérienne ou française ? C’est pour moi une preuve que vous ne me connaissez pas assez.
Mais pour vous donner un avant goût de ce que j’ai vécu dans cet avion, j’ai failli être tué le 25 vers 11H 30, mais mon argument, selon lequel s’ils le faisaient c’était un service qu’ils rendaient d’abord aux Généraux, les en aurait dissuadés sur le moment. C’était un simple sursis puisqu’ils avaient décidé de me liquider une fois que nous serions à Marseille. Ils avaient dit à une passagère qu’ils allaient m’exploser la cervelle ! C’est l’intervention du GIGN à l’aéroport de Marignane qui m’en avait sauvé.
Une commission d’enquête algérienne était diligentée pour faire la lumière sur cette affaire mais elle n’a jamais voulu de mon témoignage malgré mon désir d’être entendu exprimé dans une interview accordée à Djamel Bennabi et parue dans El-Watan, moins d’un mois après ce tragique événement.
Pour que cet épisode ne me hante plus, j’ai décidé de le raconter par écrit. Je ne peux pour autant vous dire ni quand ni par qui il sera publié.
R. Ferhat : salut frère Ferhat . Je te salue pour ton combat sans répit depuis que j’étais âgé de 19 ans , j’ai appris à travers tes textes beaucoup de choses. Passons au Mak : N’y a t il pas risque de “étrangler” toute la revendication berbère qui a mûri dans toute tamezgha (Algérie-Lybie-Maroc-iles canaries) dans la seule région berbérophone d’un seul pays qui est la Kabylie ? Nne seriez pas entrain de donner une très bon argument au pouvoir mafieux pour vous montrer du doigt et cette fois il pourra faire dans la récupération à l’aise ? La notion du peuple kabyle que vous développer dans votre littérature, la trouviez vous acceptable ? les citoyens kabyles ne feront ils plus partie du “peuple algérien” où “du peuple de tamazgha”? Vous avez parler au début de l’émergence de l’idée de l’autonomie en 2001 et vous avez affirmé que “l’autonomie est une contrainte”, pour lever cette contrainte n’y a t il pas une autre voie à l’exemple du fédéralisme (revoir le système administratif) . Je vous remercie .
Ferhat : La revendication berbère n’était en fait qu’une phase de notre long combat. Avec les résultats arrachés de haute lutte en la matière, (HCA en Algérie, IRCAM au Maroc) nous nous sommes rendus compte, entre autres, de deux choses : 1) Tant qu’une langue n’a pas un Etat (ne serait-ce que régional) à son service, elle subit celui de ses adversaires. 2) La langue berbère est plurielle, autrement dit, elle a donné naissance à plusieurs langues distinctes. Ainsi, le kabyle, le tamacheq, le chaoui, le rifain, le chleuh ou le tamazight du Moyen Atlas, et il y en a tant d’autres encore, sont à la langue amazighe ce que le français, l’italien, le portugais, l’espagnol, le catalan, l’occitan ou le corse sont au latin : ses filles. Par conséquent, nous accédons à un nouveau palier qualitatif de notre combat pour l’affirmation par chacun de nos peuples de son droit à l’existence et à un Etat à souveraineté limitée qui lui soit propre. Toute autre démarche me parait irréaliste. C’est la maturité du combat amazigh qui nous a amenés à la revendication autonomiste. Nous sommes dans son prolongement naturel et non dans sa négation ou son reniement.
Quant à la crainte de récupération de notre revendication actuelle par le pouvoir, nous n’y croyons pas trop. Par contre, le combat amazigh est, lui, définitivement récupéré puisque l’amazighité et la langue amazighe nous sont confisquées par le pouvoir qui a mis sur pied des institutions qui lui appartiennent et à travers lesquelles il les assimile à de simples variantes de la langue et de la culture arabes. Pour vous en convaincre, prenez le cas de l’opération « Alger 2007, capitale arabe de la culture » dont le lancement a été fait le jour de l’an berbère.
Vous me posez la question de savoir s’il y a vraiment un peuple kabyle et si les Kabyles ne feraient donc plus partie du peuple algérien ou du peuple amazigh. La réponse est claire : Oui ! Les Kabyles sont un peuple. Tout le monde le sait à l’exception des…Kabyles eux-mêmes. Leur reconnaître le statut de peuple ne les détache nullement du reste des Algériens ou des Amazighs. Un peuple est une communauté humaine ayant une langue, un territoire, une histoire, une culture et un rêve communs, distincts de ceux de leur environnement immédiat. On peut ne pas l’admettre et se lancer dans des démonstrations auxquelles l’espace de ce forum ne suffira pas, mais cela ne changera rien pour autant à la réalité de notre existence. Je vous invite à ce propos à lire mon livre : « Algérie : la question kabyle ». Pour moi, chaque langue vivante a au moins un peuple sur terre qui la parle. S’il y a une langue kabyle c’est forcément parce qu’il y a un peuple kabyle qui lui donne vie en la parlant. Le peuple kabyle est de citoyenneté algérienne. Il n’y a pas qu’un seul peuple algérien mais plusieurs. Nos différences sont des richesses et non des dangers. C’est leur respect qui fera la cohésion du pays et non leur négation ou leur répression.
Enfin, en effet, nous le disons encore une fois, l’option pour l’autonomie de la Kabylie est, pour nous, davantage une contrainte qu’un choix, en ce sens que nous n’y sommes venus que contraints et forcés. Tant que nous avions de la marge, le choix entre plusieurs voies (progressiste, anti-colonialiste, nationalistes, badissistes, socialistes…) nous avions préféré ne pas regarder dans la direction de l’autonomie régionale. C’est le drame du printemps noir qui nous a ouvert les yeux et qui nous a forcés à opter pour cette solution, ne serait-ce que par rapport à la sécurité de nos enfants.
Croyez-moi, nous ne le faisons pas de gaieté de cœur. Ne pensez surtout pas que, pour nous, la vie serait un podium de bodybuilding où le Kabyle joue à montrer ses triceps. Non ! C’est une lutte sans merci qu’il mène pour sa survie. Une fois cette celle-ci assurée, nous aurons le temps et les moyens d’aider non seulement les Algériens et les Amazighs, mais tous les peuples opprimés du monde.
Enfin, pourquoi toutes celles et tous ceux qui ne partagent pas nos choix et qui estiment qu’il y a lieu d’aller dans une autre direction que la nôtre, ne décident-ils pas de se mettre en mouvement pour la réalisation de leurs idées au lieu d’essayer de nous persuader de renoncer aux nôtres?
Zayen et Kaci Akli
zayen : je suis un autonomiste convaincu. ma question est la suivante : après que le tenue du congres du MAK, quelle seront les prochaines actions, et quels sont les moyens a utiliser ? et quand se tiendra le fameux referendum?
Kaci Akli : Je voulais demander à M. Ferhat…de nous montrer quelles sont à présent les étapes à suivre pour commencer à façonner notre autonomie.
En quelque sorte le mode d’emploi, le pouvoir va bientôt s’effondrer, Boutef, va bientôt passer l’arme à gauche, que devra faire la Kabylie.
Nous devons absolument dire aux algériens que l’autonomie n’est pas une si vilaine chose…regardons le Canada, (abstraction faite de ses richesses), il y a des provinces qui n’ont rien, mais qui vivent en parfaite harmonie. Je sais d’ailleurs que vous connaissez Monsieur Duceppe, qui peut vous en dire long sur cette question. Merci et au revoir.
Ferhat : Les étapes à suivre sont très simples et obéissent à des règles dont celle de ne pas limiter sa projection à une conjoncture. La stratégie consiste à établir son programme en fonction de ses objectifs et de s’y tenir quelles que soient les conjonctures. Ces dernières créent souvent des leurres qui peuvent induire en erreur et ainsi causer des préjudices à l’objectif que l’on se fixe. Aussi, lorsque vous dites que le régime va s’effondrer, je préfère rester sceptique. L’alliance du pouvoir avec l’islamisme lui assure pour le moment une longévité insoupçonnée. Par ailleurs, il a une incroyable capacité d’adaptation et d’anticipation qui lui permet de maintenir la tête hors de l’eau. On l’a vu lors du passage du parti unique au multipartisme en 1988-89. Cet opportunisme qui lui a permis, hier, d’être « démocrate » sans les démocrates lui permet, aujourd’hui, de se mouler chaque jour un peu plus dans l’idéologie intégriste pour que l’Etat algérien devienne islamiste sans les islamistes. La personne à sa tête, ne compte pas réellement et les présidentielles pour importantes qu’elles soient ne doivent pas influer sur nos choix stratégiques.
La première étape est le renforcement de la conscience nationale kabyle. Une fois cela acquis, ce sont les urnes qui détermineront l’option autonomiste soit par voie référendaire ou électorale. Ceci passe par un usage plus renforcé du kabyle comme langue de communication et la préservation de notre patrimoine culturel et civilisationnel ancestral. Les élites kabyles dont les intellectuels, les artistes et la gente féminine, ont le devoir de produire les idées et les concepts nécessaires pour populariser cet objectif. Le développement économique est aussi à encourager par tous les moyens sains.
J’ai rencontré M. Duceppe à deux reprises, en décembre 2003 et en octobre 2006. C’est à la fois un homme d’écoute et de conseil, un grand leader québécois. J’ai respect et admiration pour lui.
Yuba : À chaque fois qu’il est question d’accorder un minimum d’autonomie aux régions, le pouvoir en Algérie crie au complot. Y a t-il, selon vous, au sein de ce même pouvoir des forces ou des clans plus hostiles à cette idée d’autonomie et qu’on peut identifier de manière précise ?
Ferhat : Le pouvoir n’est hanté que par un seul souci : sa survie. L’autonomie de la Kabylie est vécue par lui comme le début de sa fin. Quant au complot, il en voit un derrière toute initiative qui n’est pas la sienne. Pour le moment, il y a unanimité en son sein pour s’opposer aux revendications du MAK
Benhadid Abdelhak: Monsieur Ferhat Mehenni étonne par sa revendication d’autonomie, libre à lui de rêver. Ce qui me parait inconvenable, c’est cette esprit égoïste et régionaliste, qui veut faire d’un problème national une question personnelle pour accaparer les voies des gens de plus en plus mécontents de la situation économique et sociale. L’histoire de l’Algérie ne sera pas falsifiée parce que des individus X qui ont décidé un jour de confisquer le pouvoir par des méthodes antidémocratiques. MR MEHENNI on n’abandonne pas l’équipage parce que le bateau Algérie est avarié. En plus l’autonomie ne peut être revendiquée que lorsque une majorité de citoyen la réclame, à mes connaissance tous les citoyens aspirent à une meilleure gouvernance et une espace de vie plus démocratique.
Ferhat : Ou vous ne me connaissez pas ou vous me faites là un mauvais procès. Si je voulais m’accaparer les voix des électeurs mécontents du régime, je me serais présenté aux élections législatives. Mieux ! il y a longtemps que j’aurais déjà rejoint le pouvoir.
La Kabylie pose une question nationale qui a besoin d’une solution politique à la hauteur des défis qu’elle soulève. Continuer de l’occulter ne fera qu’encourager des solutions de violence préjudiciables à tous. L’égoïsme est dans le déni identitaire kabyle et non dans son antidote, l’autonomie régionale. Se battre pour celle-ci n’est nullement une manière d’abandonner l’équipage du bateau Algérie, bien au contraire. C’est, pour nous, une manière de travailler à la réparation de ses avaries. Mais il n’y a pas qu’un problème politique à la base de celui que pose la Kabylie, il y a également un problème de société, de relations tendues entre identités différentes, que seule l’autonomie régionale pourra résoudre.
Enfin, il ne me semble pas qu’en démocratie il faille attendre qu’une proposition politique soit d’abord majoritaire dans la société pour avoir le droit de la revendiquer. Nos parents n’avaient pas attendu qu’une majorité d’Algériens exprime son aspiration à l’indépendance pour en proposer la solution. Avaient-ils tort ?
Meziane : Monsieur Ferhat Mhenni, vous étiez invité de Ghislain Allon sur TFJ (Télévision Française Juive) il y a de cela trois années. Vous avez dit que vous étiez personnellement favorable à accueillir une ambassade d’Israël en Kabylie, et que « La Kabylie le souhaite » aussi. J’ai deux questions à vous poser : sur quel critère avez-vous estimé que l’ensemble de la Kabylie souhaitait voir s’implanter sur ses terres une ambassade d’Israël, et qu’elles sont aujourd’hui vos rapport avec Israël. J’espère que mes questions seront publiées parce que plusieurs personnes se posent les mêmes questions. Salutations
Ferhat : Un homme politique est fondé à s’exprimer au nom de ceux qu’il estime représenter. Là, également, s’il doit attendre d’avoir l’unanimité derrière lui pour dire quoi que ce soit vous le condamnez pour de bon au silence, au mutisme. Symboliquement vous déniez le droit à la parole à toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans son discours. Vous êtes libre de ne pas vous reconnaître, vous, dans le sien mais vous ne pouvez pas, sur le plan du principe, dénier aux autres le droit d’avoir une opinion contraire à la vôtre. C’est, une fois de plus, un problème de culture démocratique. Je n’ai aucun rapport avec Israël mais je souhaite que mon pays dédramatise ses relations avec cet Etat situé à 3000km du nôtre. L’Algérie a des relations diplomatiques des plus normales avec des pays au comportement plus scandaleux que celui d’Israël sur le plan des droits de l’homme et cela ne semble choquer personne chez nous. Il était temps qu’une voix s’élève pour secouer l’idéologie dominante en Algérie et faire en sorte qu’à la place de la haine envers certains peuples on développe sinon de l’amour du moins des attitudes rationnelles, apaisées. Il est temps que nous sachions, nous aussi, qu’au plan international, nous n’avons ni ami, ni ennemi, que des intérêts.
Amazight : Croyez vous vraiment au MAK comme solution politique ? Quel est votre choix pour que les « Hommes libres » réussissent un jour : Union ou Division ? Êtes-vous vraîment une (la)solution politique ?
Ferhat : Le MAK est une solution de raison pour la Kabylie. L’autonomie est une option fédérative des énergies amazighes puisque d’autres peuples que le Kabyle la revendiquent aujourd’hui. PS : On dit Amazigh et non Amazight.
AMARA : Est ce que des statistiques ont été réalisés au niveau de la population Kabyle de la Kabylie ou d’ailleurs pour savoir si les Kabyles sont pour ou contre le MAK et dans les deux cas, pour quelles raisons ?? Est ce que vous avez fixé une feuille de route, pour avancer d’une et pour voir les objectifs les plus importants que le MAK mettra en actin si le mouvement est accepté. Quels sont les obstacles du MAK ? Si on va mettre notre langue comme langue officiel, est ce que la traduction des documents administratifs est réalisée ou pas ? Merci pour le blog de Mr BENCHICOU, ce forum apportera beaucoup de chose pour nos citoyens. Merci pour votre travail démocratique. Ferhat : 1) Nous sommes dans un pays où les sondages sont rares et les enquêtes difficiles. Le seul critère que nous ayons pour apprécier la bonne audience du MAK en Kabylie est l’accueil qu’on nous y réserve à chacun de nos déplacements. Les très nombreux internautes qui défendent l’autonomie de la Kabylie dans les forums ouverts sur des sujets variés nous renseignent aussi sur la perception que chacun a de nous. Un autre signe en est la nature des questions qui nous sont posées lors des débats. Elle a glissé de « qu’allons-nous manger ? » en 2001-2002 à, comme vous le remarquez sur ce site : « quelles sont les étapes à suivre pour réaliser notre autonomie ? ».2) On ne navigue pas à vue. Voir réponses ci-dessus
3) Les obstacles du MAK sont de trois ordres : a) ceux liés à la nature de l’Etat algérien qui n’entend pas renégocier le contrat national sur la base des droits des peuples algériens, b) ceux liés à l’idéologie ambiante que nous avons nous-mêmes enracinée auprès des nôtres sur l’amazighité et enfin, moins graves c) d’ordre matériel.3) Le kabyle comme langue officielle de la Kabylie entraînera, logiquement, la traduction des documents de l’Etat algérien en kabyle.
Racha : Bonjour M. MEHENNI. En militant pour l’autonomie de la Kabylie au lieu de parler, par exemple, d’état fédéral (pourquoi pas, l’idée est à creuser), ne faites vous pas le jeu de ceux qui veulent à tout prix marginaliser la kabylie et la montrer du doigt comme étant secessionniste et anti nationale. Je ne suis pas kabyle mais je respecte beaucoup cette région de l’Algérie à la pointe de tous les combats démocratiques mais je trouve que se singulariser uniquement à travers « un parler » (je suis chaoui) est réducteur d’un combat pour les libertés qui concerne TOUS LES ALGERIENS.
Ferhat : Il est vrai qu’il est difficile de se mettre à la place des autres. Il faut être kabyle pour réellement connaître notre souffrance qui, même exprimée par les feux de pneus et les barricades, laisse trop d’indifférents. Nous ne comprenons pas comment il se fait que la mort de nos enfants lors du printemps noir ait soulevé moins d’indignation que notre actuelle revendication autonomiste. Vous ne réalisez pas que notre souffrance est indicible. Je remarque au passage que vous y ajoutez au moins deux couches : 1) En dénonçant l’aspiration à l’autonomie régionale kabyle vous enlevez d’une main ce que vous donnez d’une autre : le respect. Ne vous méprenez pas sur sa réalité. Aujourd’hui, la revendication d’une autonomie régionale est l’expression de sa manière à elle d’être toujours « à la pointe du combat démocratique ». 2) En préférant au kabyle, le statut de « parler » à celui de langue vous faites preuve d’un manque de considération pour nous et notre combat. C’est, entre autres détails, ce genre de réflexes qui nous amènent à conclure que l’Algérie n’est pas encore une nation. Si nous voulons construire un pays sur des bases solides commençons d’abord par cultiver entre nous le respect de nos différences et de nos droits respectifs. Racha, je ne sais pas si, comme vous le dites, vous êtes chaoui(e), mais les Aurès commencent eux aussi à frapper à la porte de l’autonomie régionale. La Kabylie cesse ainsi d’être singulière au moins sur ce plan, en n’étant plus la seule région du pays à revendiquer son droit légitime à un Etat régional. Aidez-nous dans notre combat pour l’autonomie et l’Algérie s’en portera mieux.
KOUATHI: Je souhaite voir un jour ton projet d’autonomie de la kabylie se realiser. Merci d’avoir cassé un tabout longue vie a ferhat et tous ceux qui travaillent pour le projetBOUMENDJIL : je n’ai rien à dire votre projet tsafat, votre projet tsidets (lumiere et vérité). Je souhaite langue vie à M. Ferhat Mhenni.
Ferhat : Tanemmirt. (Merci !)
ANALPHA-BETE : Ne pensez vous pas trahir les valeurs de jugurtha en oeuvrant à une scission de ce qui reste de notre numidie ? ! Ne trouvez vous pas votre réthorique identique à celles des mouvements extémistes :
– haine ethnique
– invasion musulmane
– anéantissement du peuple kabyle
tous les amalgames faits : maghrébin, kabyle, berbère, arabe, musulman …
ne sommes nous pas tous , nous maghrebins des berberes qui avons rencontré d autres cultures dans notre histoire turque , arabe , romain …
va- t- on vers : plus algérien que moi tu meurs ! ?
Ferhat : Libre à vous de prendre l’autonomie régionale pour de la scission. L’Espagne basée sur des régions autonomes n’existe-t-elle pas ? Notre rhétorique est humaniste. Elle est basée sur des valeurs. Ce sont les erreurs du passé qui ont généré tant de réflexes négatifs imprégnant les rapports entre Algériens, que nous voulons éviter pour que l’expression d’une revendication légitime comme celle d’une autonomie régionale ne soit plus stipendiée. En quoi, le fait de défendre politiquement les droits du peuple kabyle, serait de l’extrémisme ? N’est-ce pas plutôt leur négation qui est déjà une violence extrême ? Vous avez le droit de faire la lecture qui vous convient de notre passé. Un passé commun n’empêche pas un présent de divergences, d’aspirations différentes. Quant un contrat d’unité nationale est inéquitable, il est tôt ou tard remis en cause. C’est ce que nous faisons. Nous sommes lésés dans nos droits collectifs en tant que Kabyles depuis l’indépendance de l’Algérie et nous entendons que cela cesse au plus vite. Nous avons vécu des épreuves que nous voulons épargner à nos enfants. Est-ce illégitime ?
AMAN65 : N’est il pas plus noble de lutter pour l’amazighite de l’Algérie toute entière.
ACHOUI : Quelle est la place de l’islam au sein de votre mouvement ? et la célebration des fêtes religieuses?
Ferhat : Il est toujours noble de se battre pour des idées saines. Savez-vous que je me suis battu pour l’amazighité de toute l’Algérie durant trois décennies? Ce sont ces 30 ans de militantisme qui m’ont fait prendre conscience de la nécessité de me battre aujourd’hui pour la Kabylie. Vous pouvez, vous, continuer à vous battre pour cette identité amazighe de l’ensemble du pays. Je n’y vois de mon côté aucun inconvénient.
CHAMI : Bonjour. Je crains que votre desir de sauver ce qui vous est le plus cher (la kabylie) ne vous devie de la lutte pour la democratie et la modernité qui est la seule et unique cause juste de notre peuple.
Ferhat : Vous croyez que le fait de se battre pour la Kabylie n’est pas une manière de militer pour la démocratie et la modernité ?
BENHADIS ABDELHAK : Monsieur Mehenni, votre démarche n’est -elle pas égoïste et régionaliste ? Ne trouvez vous pas plus salutaire pour l’Algérie d’unir vos efforts à ceux qui luttent pour le franchissement du cap de la transition démocratique, au lieu de caresser un rêve solitaire et sectaire ?
Ferhat : La revendication autonomiste est un tremplin pour la transition démocratique qui n’arrive pas à trouver sa voie. Désormais, pour faire de l’Algérie un pays démocratique, l’autonomie régionale lui fraye un chemin. Aujourd’hui nous nous occupons de celle de la Kabylie, demain tout le monde s’occupera de celle des autres régions.
(Fin de la 1ère partie - La seconde partie du forum reprendra à 21 heures)
Le fantôme de Droudkel et Hakim Laâlam
Posté par benchicou dans : Algérie : analyses et polémiques , 5 commentaires![]() |
Par Hakim Laâlam Email : laalamh@yahoo.fr |
«Benhadj re-convoqué par la justice et condamné pour ses déclarations incendiaires, c’est pour ce Ramadan ou pour le Ramadan 2050 ?»
Cé juste 1 kestion ! Maintenant, on peut le dire ! On peut même l’affirmer sans risque de se tromper ! La situation sécuritaire s’est nettement améliorée depuis 1999. C’est indéniable. Avant, nous avions affaire à des terroristes réels, en chair et en os. Aujourd’hui, en plus de cette catégorie de tangos, il nous faudra aussi composer avec les fantômes des émirs. Y a qu’à aller sur le site du journal le Matin, suspendu en version papier, mais bien présent en ligne, sur Internet pour s’en convaincre. Celui qui dirige actuellement Al Qaïda pour le Maghreb, un gus répondant au doux nom de Droukdel, aurait été en fait abattu en 2004. Comment un mecton flingué en 2004 peut-il diriger d’une main de fer les maquis GSPC en 2007 ? Une histoire de dingues, à laquelle il faut ajouter une autre histoire de dingues. Selon le journal Liberté d’hier dimanche, le maquis GIA complètement éliminé, écrasé, éradiqué avant 1999 se serait reconstitué ces derniers mois entre Médéa et Blida. Plus dingue encore, le fameux heb-heb ! On n’en avait plus entendu parler depuis fin 97, début 98. Et voilà qu’il refait une apparition spectaculaire dans le ciel de la bonne ville de Batna. Une ville qui a été le théâtre d’une autre forme d’«amélioration» de la situation sécuritaire, puisque, depuis l’autre jour, un kamikaze a ouvert le bal des bombes humaines lancées contre un cortège présidentiel. Et face à une telle «embellie», face à un climat aussi propice à la relance économique et à la relance de la confiance citoyenne envers les institutions, on dit merci à qui ? A Abdekka, voyons ! Il serait profondément injuste de remercier quelqu’un d’autre, puisque depuis 1999, justement, l’homme nous assure qu’il ne sera jamais un trois quarts de président, qu’il dirige tout, qu’il est responsable en tout, de tout, et à tous les niveaux. Alors, MERCI CHEF ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. |