Les syndicats autonomes promettent « une rentrée des plus chaudes » 15 août, 2007
Posté par benchicou dans : Algérie : actualité politique , 3 commentairesC’est inacceptable ! Les syndicats autonomes trouvent intenable la situation sociale dans laquelle pataugent actuellement les travailleurs algériens, tous secteurs confondus.
« Les salaires stagnent alors que les prix augmentent de plus en plus. Au rythme où vont les choses, nous allons bientôt mendier », lâche, sur un air ironique, Iliès Zouane, président du bureau d’Alger du Syndicat national autonome des professionnels de l’administration publique (Snapap). Pour lui, avec cette flambée des prix qui touche même les produits de première nécessité subventionnés officiellement par l’Etat, les Algériens ne pourraient pas manger à leur faim. M. Zouane met cette situation, qu’il qualifie de « catastrophique », sur le dos des dirigeants du pays qui, selon lui, ont doublement failli. Ils ont d’abord démontré définitivement et pour de bon qu’ils sont incapables de gérer le pays, puisqu’ils ne peuvent même pas réguler un marché des fruits et légumes. Et ils ont fait preuve de manque de volonté politique pour une prise en charge sérieuse d’une question aussi élémentaire que celle des salaires. « Ils ne font rien. Ils laissent le marché libre et n’augmentent pas les salaires. En quelque sorte, l’Algérien est abandonné à son propre sort et livré à lui-même. C’est terrible ! », dénonce M. Zouane qui ne doute pas que, face à une telle crise sociale, la rentrée ne sera que plus chaude. Mohammed Hadj Djilani, chargé de la communication du même syndicat, n’est pas étonné. Pour lui, cela était prévisible. « Contrairement à son discours et à ses déclarations, le chef du gouvernement n’a rien fait. Il annonce plutôt le renvoi du projet de la mise en application de la nouvelle grille de salaires jusqu’à 2008. C’est absurde. Aucune mesure efficace n’a été prise pour faire baisser les prix », souligne-t-il, estimant que le pacte économique et social a bien échoué. M. Hadj Djilani est convaincu que la tension sociale va monter d’un cran d’ici peu. « Nous sommes en train de prendre attache avec les autres syndicats autonomes pour coordonner nos actions à la rentrée. Nous n’allons pas croiser les bras et abdiquer », promet-il. Redouane Osmane, porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), estime, quant à lui, que le chef du gouvernement doit prendre ses responsabilités, sinon il devrait s’attendre à une gronde sociale à la rentrée.
La rentrée fait peur : le patronat alerte le pouvoir
Posté par benchicou dans : Algérie : actualité politique , 1 commentaireLe Forum des chefs d’entreprise (FCE) vient d’alerter le gouvernement sur la gravité de la conjoncture socioéconomique que traverse ces jours-ci le pays, particulièrement à la veille de la rentrée sociale, avons-nous appris hier auprès de cette organisation patronale.
Les récentes flambées des prix qu’enregistrent pratiquement tous les produits, à l’exception du lait et du pain qui bénéficient d’un cadre réglementaire fixant les prix de vente, ont amené ladite association à prendre les devants avant que la situation n’empire. De l’aveu d’un patron, Réda Hamiani en l’occurrence, le front social renvoie des signes inquiétants présageant une rentrée sociale « chaude ». Dans une lettre adressée au chef du gouvernement, le président du FCE, Réda Hamiani, propose le concours de son association pour trouver des solutions. Outre l’expérience de ses industriels adhérents, le forum met à la disposition de l’Exécutif son expertise. Pour ce faire, le FCE souhaite la tenue dans les plus brefs délais de plusieurs réunions de travail avec le gouvernement. Il s’agit, note notre interlocuteur, de « trouver une politique appropriée pour endiguer la crise ». Ce regroupement d’industriels, qui ne fait pas accompagner sa correspondance d’un rapport d’analyse, résume néanmoins les leviers susceptibles d’être actionnés par le gouvernement. Aussi réduite soit la marge de manœuvre du pouvoir exécutif dans une économie de marché, il existe des outils. Pour M. Hamiani, ils sont au nombre de quatre. Les deux premiers d’ordre fiscal en agissant sur les tarifs douaniers et la fiscalité ordinaire. La troisième voie est monétaire et la dernière d’ordre comportemental. Ainsi, à l’instar de ce qui a été proposé pour le dossier de la pomme de terre, le FCE plaide pour une réflexion sur l’allégement, voire la suppression (momentanée ou définitive) des tarifs douaniers sur les matières premières. Ceux-ci se situent à 30%. Idem pour la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 17% sur laquelle le gouvernement pourrait agir. « Fiscalement, soutient le premier responsable du FCE, il est possible de récupérer 47% sur le prix de revient. » Ceci étant, en dehors d’une loi de finances (ordinaire ou complémentaire), il est impossible au gouvernement de procéder à un quelconque réajustement fiscal. Récemment publiée, la loi de finances complémentaire 2007, pourtant rédigée en pleine reprise de l’inflation, n’a pas anticipé sur un tel scénario. Sans amoindrir des capacités analytiques de l’administration économique, le président du FCE dira qu’il est difficile de prévoir des situations pareilles. « Ils n’ont pas pu mesurer l’ampleur et la durée de la crise », a-t-il tenté d’expliquer
Lettres aux électeurs abstentionnistes : Zerhouni s’explique 10 août, 2007
Posté par benchicou dans : Algérie : actualité politique , 19 commentairesDevant la polémique, le ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni a décidé de donner des explications aux Algériens
sur sa décision d’envoyer des lettres aux quatre millions de lettres aux personnes qui n’avaient pas participé aux élections législatives du 17 mai dernier.
Jeudi, sur les ondes de la radio nationale, Yazid Zerhouni s’est justifié comme il a pu : pour lui, ces envois concernent uniquement la vérification du lieu de résidence des électeurs. « Il s’agit d’assainir les listes électorales et c’est du devoir de l’Administration de faire en sorte qu’il n’y ait pas de mal inscrits », a-t-il expliqué.
L’argument est un peu court pour faire taire les nombreuses interrogations parmi la population et les critiques de l’opposition et qui résument la chose ainsi : Yazid Zerhouni a cherché à intimider les 4 millions d’Algériens qui n’ont pas pris par aux élections législatives du 17 mai dernier. Depuis quelques jours, la polémique enfle.
Il est vrai que le document ne comporte qu’une seule question – « vivez-vous toujours ou non à l’adresse indiquée ? » et que, selon le ministère, il est destiné à mettre à jour les listes électorales en prévision des élections municipales qui devraient avoir lieu à l’automne prochain. Mais les partis d’opposition soupçonnent le ministre de l’intérieur de chercher, via cette correspondance, à créer un climat de peur parmi les électeurs pour les pousser à se mobiliser aux prochains rendez-vous. La méthode rappelle, en effet, celles utilisées avant l’instauration du multipartisme dans le pays. A cette époque, la carte d’électeur était exigée pour toutes les démarches administratives.
Pour l’opposition, ces correspondances constituent une tentative de la part des autorités d’influencer les prochaines échéances électorales. Elle accuse le pouvoir de chercher à éviter d’analyser le message envoyé par les électeurs lors des dernières élections.
Le taux d’abstention aux législatives du 17 mai était de plus de 65%, un record depuis l’indépendance en 1962. Alors que les observateurs attribuent cette défection des électeurs aux nombreux problèmes sociaux et politiques que vit le pays, le pouvoir cherche visiblement à appliquer la manière forte pour faire revenir les citoyens aux urnes.
L.M.
Zerhouni : Le commentaire du quotidien « Le jour » 9 août, 2007
Posté par benchicou dans : Algérie : actualité politique , 5 commentaires
Ce qui n’était jusque-là que des suppositions plus ou moins fondées est maintenant un fait avéré. De l’aveu même du ministre de l’Intérieur, des lettres ont été adressées à quatre millions des abstentionnistes aux dernières législatives, où ils sont sommés de dire pour quels motifs ils avaient préféré ne pas aller voter. Ce n’est pas tout : ils sont avertis par la même occasion que dans la mesure où ils préfèrent ne pas répondre, ils seront purement et simplement radiés des listes électorales, parce qu’alors l’administration sera fondée à penser qu’ils n’habitent plus à la même adresse. En d’autres termes, si jamais il prend envie à ces quatre millions d’abstentionnistes de s’abstenir là aussi, l’administration fera en sorte qu’ils soient déchargés une bonne fois pour toutes de tout souci en la matière. Ils n’auront plus jamais le droit de voter. Ils perdront leur qualité d’électeurs sans avoir été condamnés à rien préalablement. En un mot, ils perdront le plus important des droits de la citoyenneté, comme ça, du jour au lendemain, sans avoir rien eu à se reprocher au regard de la loi. De la loi écrite s’entend, la seule susceptible d’entraîner une condamnation prononcée par un juge. Quand on sait qu’il faut en principe avoir commis quelque chose de bien grave pour être privé de son droit d’électeur, on mesure ce que ça coûte de ne pas répondre à la lettre en question.
Encore heureux qu’il n’y ait que quatre millions qui soient éligibles à cette déchéance. Le principe d’impartialité de l’Etat obligerait plutôt à adresser la mise en garde à tous les abstentionnites de la dernière fois, à envoyer par conséquent non pas quatre, mais 12 millions de lettres. Et à se tenir prêt à faire des coupes claires dans le corps électoral, avec la possibilité théorique que celui-ci tombe à près de 7 millions, donc à se réduire aux seuls électeurs qui sont allés voter aux législatives du 17 mai. Mais patience, il se peut que l’intention de l’administration soit bien de réserver le même traitement à tous les abstentionnistes, sans discrimination aucune.
L’illégalité du procédé est bien trop évidente pour qu’il vaille la peine de s’y attarder. Ce qui est étonnant, en revanche, c’est le silence de la classe politique dans cette circonstance. Unique exception : le FFS, qui a fait connaître son sentiment, alors qu’il aurait pu considérer qu’il est de son intérêt à lui aussi qu’il y ait aux locales prochaines sensiblement plus de participation qu’aux législatives que lui-même avait boycottées. Son score n’en serait que meilleur.
Pourtant, il y a un remède à l’abstention, et lui est inattaquable au point de vue formel, bien qu’il soit plutôt de mauvais aloi : rendre le vote obligatoire. Pas un moment ce gouvernement n’y a pensé. Et ce n’est pas seulement parce qu’il est pressé par le temps. Avant que le Parlement ne se soit donné congé, il avait tout loisir d’adopter un texte en ce sens.
Le gouvernement n’a pas envisagé cette solution, parce que cela revient à faire un aveu d’échec face à l’abstention. Sans compter que le pays se serait singularisé au point de vue électoral. Alors il s’est rabattu sur quelque chose dont rien ne garantit le succès : inspirer la crainte à l’électeur et par là même ranimer son civisme.
M. H.
Zerhouni : l’alliance présidentielle divisée
Posté par benchicou dans : Algérie : actualité politique , 2 commentaires
Les partis de l’alliance présidentielle sont partagés sur cet abus de pouvoir qu’est la décision scandaleuse de Zerhouni d’intimider les abstentionnistes en envoyant 4 millions de questionnaires « pour explication ». Le RND, qui compte cinq ministres au gouvernement, applaudit, sans ambages, l’initiative de Zerhouni. Pour Miloud Chorfi, chargé de la communication, c’est une démarche « louable qui mérite le soutien du parti du moment qu’elle contribuera grandement à décrypter le message contenu dans le fort taux d’abstention lors des dernières législatives ». Le porte-parole du RND, dont le secrétaire général Ahmed Ouyahia a insisté sur l’importance de comprendre pourquoi les citoyens algériens ne s’étaient pas rendus massivement aux urnes le 17 mai dernier, ne doute pas que les résultats de ces enquêtes avec les citoyens seront utiles pour l’avenir, tout en jugeant que se contenter du travail de l’administration centrale reste « insuffisant » pour démonter la problématique de l’abstentionnisme auquel on fait face aujourd’hui. Il estime qu’un tel fait mérite que l’on s’attarde sur ses causes et le prendre au sérieux, car il y va de l’avenir de la pratique démocratique en Algérie.
Le FLN abonde dans le même sens. Saïd Bouhedja, député et membre du comité exécutif chargé de la communication, trouve la démarche du ministre de l’Intérieur tout à fait « légitime ». Pour lui, une telle initiative ne pourrait que bénéficier de l’adhésion du vieux parti, dont le secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, est à la tête de l’Exécutif. Il argue cela par le fait que la classe politique est « incapable » de trouver à elle seule des explications à ce comportement abstentionniste des électeurs. « L’Etat doit savoir pourquoi plus de 65% d’électeurs n’ont pas voté. Pour ce faire, on s’adresse directement aux premiers concernés », indique-t-il, ajoutant au passage que le ministère de l’Intérieur qui représente l’Etat a toute la latitude d’agir de sorte que les explications soient trouvées.
Un tel constat n’est nullement partagé par le MSP, qui siège à côté du FLN et du RND, au sein de l’Alliance présidentielle. Abdelmadjid Menasra, chargé de la communication, n’a pas lésiné sur les mots pour qualifier la démarche de Zerhouni non seulement d’« inutile », mais surtout d’« arbitraire ». Pour M. Menasra, il n’y aurait pas de changement. « Les causes de ce fort taux d’abstention sont connues de tout le monde. Le peuple n’est pas dupe. Il sait que les élections ne sont jamais transparentes et que sa voix n’est pas respectée. En boudant les urnes, il n’a fait qu’exprimer sa volonté du changement qui ne vient toujours pas. Vous voyez ! Le même gouvernement a été presque reconduit », fait-il remarquer. Il estime que si réellement le ministère veut avoir des réponses quant à l’abstention, « il aurait été plus judicieux qu’il confie ce travail à un institut ou à un centre de sondage spécialisé au lieu de faire un travail policier ». M. Menasra refuse que l’on fasse subir des interrogatoires aux citoyens dont le seul tort est d’avoir exprimé leur mécontentement quant au mode de gestion des affaires du pays. « Cela n’est absolument pas une pratique démocratique », dénonce-t-il. M. Menasra souligne que le ministère de l’Intérieur n’est pas à sa première démarche du genre. « Ils ont fait la même chose en 2002. Ils ont interrogé les citoyens abstentionnistes et ça n’a rien changé. Ils ne peuvent plus duper le peuple algérien qui a tout compris. C’est fini. La seule solution est d’opérer des changements profonds », lâche-t-il, sans aller au bout de sa pensée.
L’opposition réagit : « Ce sont des méthodes policières ! »
Posté par benchicou dans : Algérie : actualité politique , 5 commentairesPremières réactions après la lettre de Zerhouni aux abstentionnistes
La décision scandaleuse de Zerhouni d’intimider les abstentionnistes en envoyant 4 millions de questionnaires « pour explication » commence à soulever des réactions indignées, mais pas encore à la hauteur du scandale.
L’opposition réagit
«Au lieu d’apporter une réponse politique aux problèmes que vivent les algériens et à cette abstention, on opte pour des réponses et des attitudes policières. C’est franchement regrettable» a déclaré Amara Benyounès secrétaire général de l’UDR. «Le fait que le ministère de l’intérieur veut connaître les raisons de l’abstention est une bonne chose, mais en arriver à menacer les Algériens des suites des résultats de ce est une chose très grave ; c’est une véritable atteinte à la liberté du citoyen. L’Algérien ne va pas se reconnaître dans ces situations de menace et de persécution. C’est humiliant comme démarche», poursuivra-t-il.Pour le SG de l’UDR, «il est bon de savoir et d’analyser cette abstention, mais ce travail doit se faire par des institutions de sondage pour avoir une crédibilité et non par le ministère de l’Intérieur. Cette situation est très inquiétante» dira-t-il. La manière avec laquelle ce sondage sera effectué peut effectivement revoir en hausse le taux de participation dans les prochains rendez-vous électoraux. «Mais dans ce cas-là, l’algérien ne va pas voter parce qu’il est convaincu de l’importance de cet acte et de son choix. Il le fera pour obtenir ses papiers administratifs sans cassement de tête du moment que le fait de le radier de la liste électorale risque de lui causer de nombreux désagréments»
De son côté, le FFS qualifie d’« irresponsable » le comportement du département ministériel de Yazid Zerhouni. Si le ministère motive son « action » par le souci de mettre à jour les listes électorales, le FFS en décèle une nouvelle « manœuvre » qui vise à « faire pression et à effrayer les citoyens qui en ont marre du processus institutionnel qui leur a été imposé ». Les explications de cette abstention massive aux dernières élections sont à chercher, aux yeux de cette formation, dans la politique suivie depuis l’indépendance par les dirigeants du pays. Le parti de Aït Ahmed estime que « le citoyen algérien ne voit plus l’utilité d’aller voter dans un climat politique où il n’y a plus de libertés publiques et où le vainqueur est désigné et connu d’avance ». Les dirigeants du pays font semblant, comme ils le précisent dans une déclaration rendue publique il y a quelques jours, de n’avoir pas compris le message contenu dans cette abstention massive .
Le parti de Louisa Hanoune estime pour sa part qu’il est tout à fait normal que les pouvoirs publics se penchent sur cette question pour essayer de comprendre ce qui s’est passé le 17 mai dernier. De l’analyse du PT, il ressort que les raisons de cette abstention record jamais enregistrée auparavant sont d’ordre politique et social et ne reflètent que l’angoisse et la démoralisation exprimées par la population. «Mais je pense que ce message n’a pas été bien saisi de la part des pouvoirs publics qui continuent sur la même lancée en accélérant le processus de privatisation et de liquidation du patrimoine national, drainant la perte de centaines de postes d’emploi pour des familles algériennes alors qu’on devrait rendre l’espoir à cette population et non le contraire» dira M. Tazibt, cadre du PT. Faire des statistiques sur le corps électoral relève, sans doute, des prérogatives des pouvoirs publics qui se doivent de remettre de l’ordre et d’assainir le fichier national électoral pour éviter de tomber dans des situations d’anarchie où les chiffres communiqués par les institutions de l’Etat sont en contradiction totale avec la réalité. Ce sondage doit déboucher, selon M. Tazibt, sur une analyse politique des faits en donnant une réponse politique à cette situation, ce qui n’est pas le cas du moment que la situation sociale n’a pas changé d’un iota.