Les avocats veulent aller jusqu’au bout 20 juin, 2007
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Le bras de fer engagé entre la chancellerie et l’Union nationale des barreaux d’Algérie (UNBA) connaîtera-t-il son dénouement aujourd’hui à l’issue de la réunion qui se tiendra entre les animateurs de l’UNBA et le secrétaire général du ministère ? Tout porte à le croire au vu de la volonté affichée par les deux parties pour le règlement de ce problème.
Un problème, dit-on, “s’il ne venait pas à être réglé prendrait des proportions plus graves et risque de compromettre pour une période indéterminée la nature de la relation entre les robes noires et la chancellerie au grand dam des justiciables”. Il y a lieu de noter que cette invitation au dialogue, lancée en direction des représentants syndicaux des robes noires est intervenue le jour même du sit-in de protestation observé avant-hier par les avocats à l’appel du conseil de l’Ordre des avocats d’Alger et ce, au moment où le boycott des audiences de la cour se poursuit depuis près de deux semaines. Une journée de protestation nationale a également été observée le 10 juin, lors du procès intenté contre un avocat du barreau de Tlemcen, pour avoir déposé une plainte contre une juge au nom de son client. Plus d’une cinquantaine d’avocats se sont déplacés au tribunal de Remchi par solidarité avec leur confrère et l’affaire a été mise en délibéré après un débat qui a duré plusieurs heures. Pour rappel, lors d’une conférence de presse animée il y a de cela une vingtaine de jours de jours, le président de l’Union nationale des barreaux d’Algérie (UNBA), Me Abdelmadjid Sellini, avait annoncé que cette action de protestation sera précédée du boycott des activités de la cour par le barreau d’Alger, y compris la session criminelle qui avait débuté le 9 juin. Selon lui, “il y a un plan qui vise la réduction des droits de la défense”, pointant un doigt accusateur en direction d’un “groupe de personnes” au ministère de
la Justice. Un groupe qui, de l’avis de Me Sellini, a remis en cause les accords conclus entre l’UNBA et la tutelle, relatifs à un projet de loi sur l’avocat, en imposant “un nouveau texte”. Pis, selon la même source, “la situation est grave”. A ce propos, il dira qu’en matière des droits de la défense et des droits du citoyen, “la détérioration continue des conditions d’exercice de la profession enregistre le refus délibéré des organes concernés du ministère et ce, dans une perspective de prise en charge des préoccupations légitimes de la profession”. Le président de l’Union nationale des barreaux d’Algérie a saisi cette opportunité pour plaider “le retour aux pratiques universelles de la défense”, tout en lançant un appel aux hautes autorités de l’Etat, les invitant à “mettre fin à la déviation et aux dépassements auxquelles font face aujourd’hui les robes noires. Nous tirons la sonnette d’alarme et nous disons également basta. Que chaque partie joue son rôle dans l’intérêt du justiciable et que la justice ne soit pas synonyme de statistiques”. Ceci étant, M. Sellini a rappelé les démarches effectuées par son syndicat auprès des autorités compétentes, depuis 4 ou 5 années, en vue d’améliorer les conditions de travail de la défense et contribuer à l’évènement d’un Etat de droit. Il a aussi fait part du “dernier appel” lancé au ministère de
la Justice, en février dernier, et qui était accompagné d’une plateforme de revendications du conseil de l’UNBA. Pourtant, la situation n’a pas connu de changements positifs, a admis l’intervenant. Ce dernier a même laissé entendre que “le droit est aujourd’hui piétiné” et que le “terrorisme judiciaire” menace la corporation des avocats.
Abder Bettache
Prix de la plume libre 2007 (3 articles) 19 juin, 2007
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Rassemblement à la Maison de la presse pour la remise du prix Benchicou de la Plume Libre 2007
« Il y aura toujours une Algérie debout pour résister et défendre la liberté et les droits humains ». C’est sous ce slogan qu’a été célébrée la
journée du 14 juin, journée dédiée à la liberté d’expression depuis l’incarcération de Mohamed Benchicou, aujourd’hui samedi à Alger.
A cette occasion, le prix Benchicou de
la Plume Libre pour l’année 2007 a été remis conjointement, et à titre posthume, au journaliste Abdelhak BELYARDOUH, correspondant d’El-Watan à Tébessa qui a payé de sa vie l’audace d’écrire sur la mafia locale et au journaliste-écrivain syrien Michel KILO emprisonné par la justice syrienne depuis le 14 mai 2006 et condamné à 3 ans de prison pour »critique et affaiblissement de l’Etat ».
Les trophées ont été remis par Ali Yahia Abdenour à la famille du défunt Beliardouh et, pour Michel Kilo, au représentant de
la FIJ, lors d’un rassemblement à
la Maison de la presse Tahar-Djaout.
Avant cela, ont eu lieu un recueillement et un dépôt de gerbe de fleurs devant l’Etusa (rue Hassiba-Ben-Bouali) en souvenir des deux journalistes Fadhéla Nedjma et Adel Zerrouk, tués dans des circonstances tragiques, lors de la marche noire organisée à Alger par le mouvement citoyen des archs, et dont ils assuraient la couverture.
La cérémonie s’est déroulée avec la participation de responsables de
la Ligue des droits de l’homme, d’associations, de partis politiques représentés par leurs chefs, de syndicats libres, de directeurs de journaux, de journalistes et de nombreux citoyens.
Mohamed Benchicou, Ali Yahia Abdenour, Hocine Zahouane, président de
la Ligue des droits de l’homme, Hakim Laâlam chroniqueur au Soir et lauréat 2005, ainsi que des familles de victimes du terrorisme, des représentants de partis et de syndicats libres, se sont adressés à l’assistance avec un leit-motiv : « Il y aura toujours une Algérie debout pour résister et défendre la liberté et les droits humains ».
Un message du Comité syrien de soutien à Michel Kilo a été lu par Hafnaoui Ghoul, journaliste emprisonné en 2004.
Une pétition demandant la libération des journalistes en Syrie, en Egypte et en Tunisie a été lancée au cours du rassemblement.
L’évènement rapporté par le Soir d’Algérie
Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir) – L’ancien directeur du quotidien Le Matin, le journaliste écrivain Mohamed Benchicou, avait l’émotion visible de se retrouver parmi ses compagnons de combat, dans l’enceinte de
la Maison de
la Presse Tahar-Djaout. Emu, certes, mais aussi fier, a-t-il tenu à dire, d’appartenir à cet échantillon qui lutte. “Une année après ma libération de prison, je n’ai pas eu, je dois dire, le temps de voir tous mes amis et mes compagnons de combat. A tous, je dis que je suis fier d’appartenir à votre famille”, a déclamé Benchicou, en guise de propos liminaire à un laïus qu’il a, en la circonstance, voulu raisonnablement court. Pour lui, les retrouvailles d’hier sont riches en enseignements, d’autant qu’elles interviennent pour la commémoration d’une date triplement symbolique : le 14 juin qui est en même temps la date anniversaire de l’historique marche des archs de Kabylie, en 2001, le jour anniversaire de la mort dans l’accomplissement de leur métier de deux confrères Adel et Fadhila et, enfin, le date d’entrée et de sortie de prison de Mohamed Benchicou. “Nous sommes unis aujourd’hui, cela prouve qu’au-delà des malentendus, l’Algérie qui se bat sait se réunir et s’unir autour de mots d’ordre généreux telle la défense de la liberté de la presse”, a déclaré Benchicou, poursuivant que “cette Algérie qui se bat a besoin d’une presse libre et forte”. L’honneur de remettre les trophées symboliques aux deux confrères est revenu, comme en 2005, au président d’honneur de
la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, Me Ali Yahia Abdennour. L’infatigable militant des droits de l’homme a, avant de remettre les prix à leurs récipiendaires, prononcé un discours ou a fait le rappel des conditions dans lesquelles Benchicou a été incarcéré, avant de chuter sur une présentation des deux lauréats, Beliardouh et Kilo. “Tout dans le procès Mohamed Benchicou était étrange et incompréhensible : la date d’inculpation, les charges retenues, le contenu de l’acte d’accusation (…)”, a-t-il rappelé. Fidèle à son engagement pour la défense des libertés de la presse et d’expression, Me Ali Yahia a fait part de la nécessité impérieuse de se mobiliser pour la dépénalisation du délit de presse. “Il faut se battre même si c’est un combat inégal. Il vaut mieux perdre en ayant combattu que de perdre sans l’avoir fait.” De Beliardouh, lauréat à titre posthume du prix Mohamed Benchicou, Ali Yahia dira que “ lorsque l’Algérien est humilié, il oublie qu’il est habité par la vie. Ne pouvant pas supporter l’humiliation subie devant sa famille, puis traîné dans la ville de Tébessa jusqu’à la place du 1er-Novembre, il a préféré se donner la mort en avalant de l’acide. Homme de conviction, pondéré, serein, réfléchi, il a tracé son itinéraire de journaliste d’investigation, en suivant sa route quels que soient les obstacles et les dangers. Seule la mort pouvait mettre fin à son combat”. Et du second lauréat, le journaliste écrivain syrien, Michel Kilo, il soulignera des qualités qui font de lui une référence professionnelle. “Michel Kilo a été arrêté le 14 mai 2006, après avoir signé une déclaration appelant à une réforme des relations syro-libyennes. Il est accusé de “provoquer des dissensions confessionnelles et raciales” de “publier des informations mensongères et exagérées qui ont pour but de porter atteinte au prestige de l’Etat”. Le 13 mai 2007, il a été condamné à 3 ans de prison pour “affaiblissement du sentiment national”. Journaliste, politologue et défenseur des droits de l’homme, Michel Kilo est directeur de “Hourriyat” un centre de défense de la presse et des libertés d’expression”. Ce prix qui lui a été décerné, Michel Kilo devra le recevoir via
la FIJ qui, depuis Bruxelles, se chargera de le lui acheminer. Quant au prix décerné à titre posthume à Beliardouh, il a été remis à son épouse. A l’occasion de cette cérémonie, la parole a été donnée aux lauréats du prix les deux années précédentes. Hakim Laâlam, qui l’a obtenu en 2005, a avoué qu’il restait frustré de ne l’avoir pas reçu des mains de Benchicou. Benchicou le lui a re-remis, hier, symboliquement. Notons que plusieurs personnalités ont pris part au rassemblement, entre autres l’ancien ministre de
la Communication, Abdelaziz Rahabi, l’ancienne ministre de
la Jeunesse et des Sports, Leïla Aslaoui, le président de
la LADDH, Me Zehounane, le secrétaire général de l’UDR, Amara Benyounès, Ahmed Djedaï du FFS et des représentants du CCDR, du MDS et des syndicats autonomes. Une gerbe de fleurs a été déposée à l’endroit où ont été tués le 14 juin 2001 les deux journalistes Adel et Fadhila.
S. A. I.
Du 14 juin 2004 au 14 juin 2007
Posté par benchicou le 17 juin 2007
Par Me Ali Yahia Abdennour
1° - C’est pour la liberté d’expression et la liberté de la presse que Mohamed Benchicou, qui a affronté le pouvoir par souci de vérité, de liberté et de justice, a été condamné le 14 juin 2004 à 2 ans de prison. La justice, quant à elle, a considéré qu’il n’a pas été condamné pour ses écrits critiques à l’encontre du pouvoir, mais pour infraction à la législation des changes et aux mouvements de capitaux.
Tout dans le procès Mohamed Benchicou était étrange et incompréhensible : la date d’inculpation, les charges retenues, le contenu de l’acte d’accusation. Le pouvoir, qui a exprimé à maintes reprises son hostilité pour certains titres de la presse privée, en premier lieu le journal Le Matin, a manifesté sa volonté de faire condamner son directeur de publication, qui a assumé pleinement sa mission de journaliste, en refusant une lecture univoque et complaisante des évènements. Il a montré sa hâte à priver de sa liberté et de sa plume un adversaire coriace, habile, incommode, doué des qualités d’initiative, de ténacité et de courage, qui a acquis l’expérience qui a conféré tant de poids à sa parole et d’efficacité à son action. Il a interdit le journal Le Matin, pour détruire un espace de liberté qui échappe à son contrôle. Il y avait une telle émotion dans la salle d’audience du tribunal d’El-Harrach, le 14 juin 2004, après le prononcé du verdict, que tous les présents étaient bouleversés, avaient les larmes aux yeux. Le combat de Mohamed Benchicou pour la liberté d’expression et la démocratie qui se conjuguent ensemble a soulevé un large mouvement de solidarité à l’intérieur du pays et partout dans le monde. Le Comité Benchicou, très efficace, a alerté l’opinion publique et facilité sa mobilisation, afin que plus jamais des actes de punition et de vengeance ne soient exercés contre un journaliste. Nous avons fait face à un pouvoir qui représente le modèle d’une société bloquée, bureaucratisée, policière par l’écrit et la parole libre qui témoignent afin de mobiliser l’opinion publique nationale et internationale.
2° - Il n’y a pas de liberté sans justice, ni de justice sans liberté La liberté d’expression est un droit élémentaire de la vie sociale et culturelle, de la création scientifique et artistique. L’actualité politique nous rappelle que la liberté d’expression ne se donne pas, mais se gagne et se mérite, qu’il faut toujours se battre pour la faire respecter, la maintenir, la consolider, l’élargir. Comme toute conquête de l’homme, elle est fragile et ne peut devenir une réalité juridique que dans un Etat de droit. Elle n’existe que dans la mesure où la conscience collective est prête à se mobiliser pour la défendre. Le pouvoir a cédé contre son gré un espace de liberté à la presse privée, parce que de nombreux journalistes ont parlé haut et fort et sans précaution pour imposer la liberté d’expression et la liberté de la presse. Le respect des règles de l’éthique et de la déontologie qui sont nécessaires à l’exercice du métier de journaliste doit émaner de la profession et non d’un code de l’information qui n’est qu’un code pénal bis, qu’il faut expurger de son venin. La dépénalisation du délit de presse est une priorité, car le métier de journaliste est à grand risque pénal. Le pouvoir a fabriqué des procès contre des journalistes. C’est dans les combats menés que se trouvent les conditions du succès de demain. Il faut se battre, même si le combat est inégal et semble perdu d’avance, car il vaut mieux perdre en se battant, que perdre sans se battre. Le combat est comme le football : “Si vous ne descendez pas sur le terrain vous êtes sûr de perdre, si vous y allez, vous n’êtes pas sûr de gagner, mais vous aurez l’honneur de vous être battu.” A tous ceux qui veulent ignorer les violations graves de la liberté d’expression et de la presse perpétrées par le pouvoir, nous rappelons les mots d’Albert Camus : “Maintenant, il n’y a plus d’aveugles, de sourds et de muets, mais seulement des complices.” Quand la prison devient un honneur, c’est que l’Etat s’est perverti. C’est l’oppression qui a enfanté la liberté, et la répression qui a enfanté les droits de l’homme. Les procès contre les journalistes ont mis en relief la soumission de la justice au pouvoir exécutif. Il est fréquent qu’avant un procès contre un journaliste, le président du tribunal reçoive les directives à appliquer ou demande à ses supérieurs ce qu’il doit faire. Il agit sur ordre, un ordre venu d’en haut, de bien haut, du pouvoir exécutif. Je vous demande de manifester votre solidarité avec les avocats en grève et les syndicalistes autonomes poursuivis en justice. Les atteintes graves, délibérées, répétées aux droits de la défense ont obligé à plusieurs reprises les avocats à geler leurs activités au niveau de toutes les juridictions. Les avocats savent qu’il y a des jugements et arrêts qui ne respectent ni la loi ni le droit. C’est la responsabilité du pouvoir qui est engagée, lorsqu’un avocat ne peut exercer pleinement et sans risque sa profession. L’histoire l’a souvent montré, c’est la justice qui est mise en cause, lorsqu’on s’attaque aux avocats. Qu’avez vous fait de la justice, Monsieur le Garde des Sceaux ? Vous ne cessez de dire et de répéter, que la séparation des pouvoirs vous interdit de vous ingérer dans les affaires de la justice, alors que vos interventions pour orienter le déroulement de l’action judiciaire sont permanentes. L’UGTA a tourné le dos à l’action syndicale, a abandonné le syndicalisme de protestation et de contestation pour un syndicalisme de concertation et de soumission à la politique économique et sociale du pouvoir. Il faut dépasser la conjoncture actuelle, voir plus loin, penser l’avenir qui est dans le pluralisme et la solidarité syndicale. Le travail définit la condition humaine, notamment le droit à la liberté syndicale dans ses deux dimensions, le pluralisme syndical et l’adhésion libre, sans que les réunions syndicales et autres soient prohibées et les manifestations publiques brutalement réprimées.
3° – Le prix Benchicou pour 2007 a été décerné à titre posthume au journaliste Abdelhak Beliardouh et au journaliste écrivain syrien Michel Kilo
a) A tous les membres de la famille Abdelhak Beliardouh, à ses amis, aux journalistes d’ El Watan, si douloureusement éprouvés, nous présentons l’expression de notre profond respect. Qu’il me soit permis d’évoquer la mémoire de ce grand disparu qui a travaillé de toute la force de sa conviction à la réalisation de son métier de journaliste d’investigation par la recherche de la vérité, sans fauxfuyants, avec résistance et ouverture intellectuelle. Il avait du courage, du caractère, des certitudes, une forte sensibilité pour la vérité. Il a été victime de la mafia politicofinancière locale, qui l’a humilié. Lorsque l’Algérien est humilié, il oublie qu’il est habité par la vie et la rixe. Ne pouvant pas supporter l’humiliation subie devant sa famille, puis traîné dans la ville de Tébessa jusqu’à la place du 1er-Novembre, il a préféré se donner la mort en avalant de l’acide pur. Homme de conviction, pondéré, serein, réfléchi, il a tracé son itinéraire de journaliste d’investigation, en suivant sa route quels que soient les obstacles et les dangers. Seule la mort pouvait mettre fin à son combat.
b) Michel Kilo a été arrêté le 14 mai 2006, après avoir signé une déclaration appelant à une réforme des relations libanosyriennes. Il est accusé de “provoquer des dissensions confessionnelles et raciales”, de publier des “informations mensongères et exagérées qui ont pour but de porter atteinte au prestige de l’Etat”. Le 13 mai 2007, il a été condamné à 3 ans de prison pour “affaiblissement du sentiment national”. Journaliste, politologue et défenseur des droits de l’homme, Michel Kilo est directeur de Hourriyat, un centre de défense de la presse et de la liberté d’expression. Il est une des personnalités les plus marquantes de
la Syrie, un pionnier de la démocratie. Il s’est imposé par sa profonde connaissance des problèmes les plus divers, la clarté de son argumentation, le brio de ses départies dans les débats. Il agissait avec méthode, sans précipitation mais toujours avec la ténacité d’un esprit dont la tension ne se relâchait qu’une fois la tâche achevée. Il a acquis une réputation bien méritée d’intégrité, d’honnêteté et d’efficacité. Dans le métier de journaliste qui comporte des risques, il les a assumés pleinement, car pour lui, ils relèvent de la conscience professionnelle.
Alger, le 15 juin 2007
Me Ali Yahia Abdennour
L’Algérie qui se bat :Les avocats manifestent
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La défense proteste devant la cour d’Alger
Sous un soleil de plomb, près de trois cents avocats, vêtus de leurs robes noires, ont observé hier un sit-in devant le nouveau siège de la cour d’Alger.
A travers cette action, ils veulent interpeller les autorités sur leur exclusion des juridictions et les violations quotidiennes de leurs droits. Cette action à laquelle a appelé le conseil de l’Ordre d’Alger a été décidée, alors que le boycott des audiences de la cour se poursuit depuis près de deux semaines. Toutes les affaires ont été soit renvoyées, soit jugées sans la présence de la défense. Une journée de protestation nationale a également été observée le 10 juin, lors du procès intenté contre un avocat du barreau de Tlemcen, pour avoir déposé une plainte contre une juge au nom de son client. Plus d’une cinquantaine d’avocats se sont déplacés au tribunal de Remchi par solidarité avec leur confrère et l’affaire a été mise en délibéré après un débat qui a duré plusieurs heures. Hier, les robes noires ont exprimé pour la énième fois leur « ras-le-bol » de se voir « marginalisées » du secteur de la justice. Le choix de la nouvelle cour d’Alger, comme lieu de protestation, « est symbolique, dans la mesure où les concepteurs de cette juridiction n’ont prévu ni bureaux, ni salle de conférence, ni bibliothèque, ni toilettes pour les avocats ». Une volonté, disent ces derniers, de dénigrer encore davantage une corporation, partie prenante dans les décisions rendues au nom du peuple algérien.
Dernière tentative
Les avis de tous les avocats interrogés sur l’objectif de cette action se rejoignent. Il s’agit de « tirer la sonnette d’alarme » et de lancer une dernière tentative de dialogue avec les autorités avant de passer à un autre stade de revendication. La réunion prévue aujourd’hui avec la chancellerie, à sa demande, n’a pas pour autant pesé sur les événements. Chacun des contestataires estime que la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui la justice est « très grave » et les mêmes explications reviennent sur toutes les bouches. « Une justice sans défense est une injustice », clame un membre du barreau d’Alger. Plus explicite, Me Debbache relève que la chancellerie, pour contourner le refus de la fonction publique à lui dégager des budgets pour le recrutement, a opté pour la formule de l’emploi des jeunes pour les postes de greffiers. « La plupart des greffiers recrutés ces dernières années l’ont été dans le cadre de l’emploi des jeunes, alors que la réglementation fait obligation qu’ils soient assermentés. Les conséquences d’une telle mesure sont extrêmement graves. Des procès-verbaux d’audition se perdent ou se retrouvent entre des mains étrangères aux parties ; des convocations pleines d’erreurs qui n’arrivent pas aux justiciables ; des jugements souvent comportant des fautes qui ne sont pas notifiés, etc. C’est cette justice que nous voulons dénoncer, car elle viole dangereusement le principe d’équité du droit à une justice », déclare Me Debbache. Sa consœur, Me Ouali, abonde dans le même sens, avant de rejoindre les autres avocats réunis pour une photo-souvenir avec l’emblème national.
« Ce n’est pas un conflit de personnes »
Le bâtonnier, Me Abdelmadjid Sillini, président de l’Union nationale des barreaux d’Algérie, déclare devant les journalistes que la corporation n’a pas l’intention de céder à « ces pressions », parce que dans le cas contraire, « les avocats ne vont plus pouvoir défendre les citoyens qui viennent les solliciter pour les mettre à l’abri de l’arbitraire des juges ». Me Sillini refuse de réduire la crise entre le conseil de l’ordre et les pouvoirs publics à « un conflit de personnes » entre lui et le président de la Cour suprême, Kaddour Berradja, ancien procureur général près la cour d’Alger. Il ajoute à propos de la réaction du syndicat des magistrats, qu’il n’a fait que reprendre « les préoccupations des juges qui viennent nous exprimer leur soutien, estimant que nos actions de protestation vont leur permettre de les libérer pour travailler en toute indépendance, sans les instructions et les notes de la chancellerie. Nous ne voulons pas d’une justice des statistiques. Nous refusons que les magistrats entrent dans les audiences avec presque 200 dossiers à juger. Quel est le juge qui est capable de se maintenir éveillé avec toutes ses capacités de discernement, de neutralité et d’équité, face à un volume aussi important de dossiers ? Nous militons pour de meilleures conditions de travail pour les magistrats, parce que nous sommes partie prenante dans les décisions qu’ils prennent ». Le bâtonnier ne met pas de gants pour prendre à partie le président de la Cour suprême, le qualifiant tantôt d’ennemi des avocats, tantôt de danger pour les droits de la défense, expliquant que l’exclusion des robes noires des jugements « est une violation flagrante » des droits des justiciables pour un procès juste et équitable. A propos de l’assemblée générale extraordinaire de l’Union des barreaux, prévue les 21 et 22 juin à Alger, Me Sillini affirme qu’elle a été décidée après que toutes les voies de dialogue avec la chancellerie « se sont fermées ». Selon lui, la plate-forme de revendications des robes noires a été adressée au ministre de la Justice, au mois de février dernier, mais « elle n’a été suivie d’aucun geste de volonté » pour régler définitivement cette crise. Les revendications ont trait entre autres à la cessation des poursuites judiciaires engagées contre les avocats dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions, la levée de tous les obstacles qui bloquent l’accomplissement de la mission des robes noires et l’ouverture de l’école de formation des avocats annoncée, il y a deux ans, par le président, la mise en place d’espaces de réflexion et de travail au profit des avocats au sein de l’ensemble des juridictions afin de leur donner de meilleures conditions pour l’exercice de leur profession. « Malheureusement, il y a des centres occultes qui veulent humilier les avocats. Ils maîtrisent l’art de créer et de maintenir le pourrissement. Toutes les professions liées à la justice sont prises en charge par les plus hautes autorités du pays qui, d’ailleurs, leur accordent – et c’est tant mieux – un intérêt particulier, sauf celle des avocats. Il existe des écoles de formation pour les magistrats, les greffiers, mais pas pour les avocats, est-ce normal ? », souligne Me Sillini à la presse. Il révèle en outre ne pas être en mesure de dire si la réunion d’aujourd’hui au ministère de la Justice aboutira à des solutions rapides. Pour lui, « ce n’est qu’une tentative de dialogue. Il ne faut pas anticiper sur les résultats de la rencontre ».
L’Algérie qui se bat (Edito El-Watan)
Posté par benchicou dans : L'Algérie qui résiste , 2 commentairesRésistance au quotidien
Dans un contexte politique devenu bien difficile, la société civile tente de faire entendre sa voix. Comme elle peut. C’est une véritable course contre la montre qu’engagent, à coups de pétitions, une poignée de gens avisés pour que soit préservée l’intégrité du parc d’El Kala que menace le passage de l’autoroute Est-Ouest. Car pour vivre, l’exceptionnelle faune et flore de ce lieu unique dans le pays a besoin de l’équilibre de la nature et de tous ses habitats intégrés. Mais l’Etat fait la sourde oreille et le ministre des Travaux publics a déjà annoncé la couleur : rien ne sera changé. La raison est bien simple : l’autoroute Est-Ouest est un chantier stratégique inscrit au chapitre des réussites du second mandat de Bouteflika. Aucun retard de livraison ne sera donc toléré. Et puis, l’écologie n’a jamais été le grand souci de nos gouvernants. Il a fallu, souvenons-nous, un énorme tapage pour que les pouvoirs publics mettent le holà au braconnage de l’outarde Houbara par les émirs du Golfe. Il est vrai qu’en ce temps-là, il n’y avait pas d’enjeu politique majeur. Mais le volatile n’est pas pour autant sauvé car s’il est relativement facile de contrôler les prédateurs étrangers, il est bien difficile de surveiller ceux de chez nous. Autres lieux, autres combats. Flambant neuf, l’édifice de la cour d’Alger a vu trois cent robes noires observer un sit-in de protestation contre les violations des droits de la défense. Déclic salutaire. La plus grave des injustices n’est-elle pas de laisser les citoyens face à face avec des juges sans la précieuse aide des avocats ? A la maison de la presse Tahar Djaout, un carré de citoyens pour une remise de prix à deux journalistes par le Comité Benchicou pour
la Liberté. Journaliste local à El Watan, Abdelhak Belardiouh a été poussé au suicide à la suite du harcèlement que lui faisait subir la maffia locale dont il avait dénoncé dans ses écrits les agissements. Journaliste syrien, Michel Kilo a été arrêté pour ses articles et ses prises de position par le pouvoir de Damas. Il purge une peine de trois ans de prison. A la cérémonie, un petit carré de citoyens, des jeunes et quelques moins jeunes, grandes figures de la résistance citoyenne. Parmi eux, Ali Yahia Abdenour et Hocine Zehouane, une vie entière au service des droits de l’homme. En cinquante ans, ils n’ont reculé devant aucune oppression et sont toujours de tous les combats. Le commandant Azzedine, aux sept blessures, a fait plier des généraux français à la tête du commando Ali Khodja de
la Wilaya IV. Inconsolable depuis la perte de son frère de combat, le colonel Salah Boubnider, il ne trouve plus les mots qu’il faut pour crier toute sa colère contre les injustices. Mais à leurs côtés, une nouvelle génération se bat et surtout apprend à se battre. D’elle viendra le changement tant attendu.
Qui est Michel Kilo lauréat 2007 ? 17 juin, 2007
Posté par benchicou dans : L'Algérie qui résiste , ajouter un commentaire
Journaliste, politologue et défenseur des droits de l’homme, figure emblématique de la lutte pour la démocratie en Syrie, Michel Kilo a été arrêté le 14 mai 2006, à Damas. Collaborateur de plusieurs journaux arabophones, Michel Kilo est connu pour ses prises de position en faveur des réformes démocratiques dans son pays. Le journaliste est également directeur de « Hourriyat », un centre de défense de la presse et de la liberté d’expression, créé à Damas, en 2005. Agé de 66 ans, Michel Kilo a longtemps dirigé le Centre de défense de la presse à Damas. Tous ses écrits militent pour la liberté d’expression et la démocratie.
Qu'a-t-il osé écrire ?
Ce que le pouvoir reproche au journaliste Michel Kilo, c’est d’avoir été l’un des instigateurs, le 11 mai 2006, de la déclaration « Beyrouth-Damas » appelant le régime syrien à se désengager totalement du Liban, à ne plus y commettre d’attentats et à établir avec ce pays, que
la Syrie a occupé entre 1976 et 2005, des relations de confiance. Ce texte a été signé par 274 intellectuels, journalistes et artistes de renom.
La Cour criminelle lui reproche aussi un article paru dans le quotidien libanais An-Nahar dans lequel il montrait, à partir d’avis de décès affichés sur les maisons, que la composition ethnico-religieuse de la ville de Lattaquié (nord ouest du pays) avait changé, que les alaouites, qui concentrent entre leurs mains l’essentiel du pouvoir en Syrie, y étaient à présent majoritaires alors que la cité était traditionnellement sunnite et chrétienne
Qu'a-t-il subi
comme châtiment ?
Arrêté le 14 mai 2006, Michel Kilo devait être remis en liberté cinq mois plus tard par la juge d’instruction Halima Haitar qui n’avait relevé aucune charge majeure contre lui. Alors que sa libération avait été annoncée par les autorités le 19 octobre 2006 et que la caution avait été payée, Michel Kilo est toujours en prison. Selon le code pénal syrien, cette décision de remise en liberté, comportant également la signature du juge de renvoi, est irrévocable à moins que le prévenu ne soit inculpé pour un nouveau délit. Et le procureur général a donc retenu l’ordre de mise en liberté assez longtemps pour qu’un juge d’instruction inculpe le journaliste de nouveaux chefs d’accusation. Le lundi 23 octobre, Michel Kilo a été accusé de « provocation de la rébellion civile » et « d’atteinte grave à la dignité de l’Etat, exposant le pays à la menace d’actes agressifs ». Le journaliste fut de ce fait maintenu en détention préventive.
Le 13 mai 2007, le verdict du procès du journaliste et écrivain Michel Kilo tombe, le condamnant à trois ans de prison pour « affaiblissement du sentiment national ».
Qu'a-t-il dit ?
Attendez-vous quelque chose du congrès du parti Baas syrien qui s’est ouvert hier ?
Michel Kilo.
La Syrie est actuellement dans une phase transitoire. La caractéristique essentielle de cette phase est qu’elle est lente, partielle et hésitante. Peut-être y aura-t-il quelques changements mais en réalité les structures du régime vont se perpétuer, l’état d’urgence sera maintenu (même si ses domaines d’application pourront être modifiés). Même la loi sur les partis dont on parle ne sera pas appliquée avant deux à cinq ans. Bref, on a affaire à différentes compositions visant à donner l’illusion que la structure change. En réalité, le régime reste un régime totalitaire, très centralisé. C’est un régime d’état d’urgence.
( Interview à l’Humanité le 7 juin 2005 )
Qu'a-t-il écrit ?
Traduction Francaise du dernier article ecrit ou bien publie par l’auteur avant son arrestation surprise le 13 May 2006
NECROLOGIES… DE SYRIE
Par Michel Kilo
Omniprésentes sur les murs de Lattaquié, ville de mes parents et de mes aîeux et plus couramment appelée « le Pays » par ses habitants, les faire-parts de décès ont toujours capté mon attention.
Alors que ceux de ces faire-parts qui déplorent des citadins sont nettement bien ordonnés et imprimés avec précision, ceux des campagnards sont d’un contenu aléatoire et anarchique. Leurs caractères grossiers et leur papier vire au jaune.
Au gré de mes déambulations à travers la ville, je ne manque pas de noter un autre trait, bien plus parlant de ces faire-parts : Quand la personne dont la mort y est annoncée est issu de la campagne* de Lattaquié, celui-ci est le plus souvent ex-militaire. Les citadins n’ont , eux, que des liens si distants voire inexistants avec l’armée, qu’il est extêmement rare d’y voir mentionné fût-ce un seul militaire, même dans la liste élargie aux parents et alliés du défunt.
A l’opposé, sur ceux deplorant un disparu rural, tout le monde est militaire, à la notable excéption des trop vieux, qui ayant 30 ou 40 lors de l’avènement du 8 mars**, avaient passé l’âge de l’enrôlement sous les drapeaux .
Et bien que pour les uns et les autres, le faire part commence par le même verset coranique invitant l’âme apaisée à entrer, bénie , dans la sérénité au paradis du Très Haut, toute la suite les sépare, tel un fidèle reflet des réalités que vivent Lattaquié et ses citadins d’un côté ,et sa campagne avec les ruraux de l’autre..
En effet, alors que ses derniers vivent de la manne du pouvoir, notamment militaire, les premiers sont des artisans, des petits ou moyens cadres ou exercent des professions libérales.
(…) Et pourtant.. partout: sur les murs de la ville et au fond de ses ruelles, foisonnent portraits, affiches, posters et autres banderoles, pour te rappeler que tu vis dans la Syrie de l’ère moderne où tu incarnes la patrie où toute forme de différence entre concitoyens est désormais abolie !
Néanmoins, c’est du fond de cette réalité là que les choses commencent à bouger depuis quelques années. Depuis que se sont formés des comités nationaux d’action pour la démocratie, auxquels adhèrent librement et à des fins tout sauf partisanes uiversitaires, avocats, ouvriers, enseignants, commercants, paysans , étudiants - et j’en passe- appartenant à tout le spectre religieux , mus par le souci de restaurer sur une base d’égalité en droits , les liens rompus entre compatriotes .
Voici donc l’unique lueur d’espoir dans la noirceur détestable d’une réalité qui à tranformé la cité au 56 quotidiens, revues et associations entre 1925 et 1958, en une ville dont l’orphelin petit canard ne distribue guère plus de 500 numéros, et encore, à grand peine…Ville dépourvue du moindre espace de débat intellectuel , inter-communautaire ou national.
Comme il devient urgent que les citoyennes et citoyens recoivent à
la Mosquée Ajjan**** du centre ville, les condoléance en mémoire de Ali-Mohammad ; et à la mosquée de Kardaha**** en celle de Mohammad-Ali !
Qui est Beliardouh, lauréat 2007 ?
Posté par benchicou dans : L'Algérie qui résiste , 1 commentaire
Abdelhaï Beliardouh était journaliste d'investigation domicilié à Tébessa, importante ville des Aurès, chef lieu de wilaya, située à 20 kilomètres de la frontière algéro-tunisienne. Il y tenait le bureau local du quotidien algérien El-Watan. Dans cette région où ont élu domicile toutes sortes de trafiquants et de mafias attirés par la proximité des frontières avec
la Tunisie, le travail du journaliste d'investigation Abdelhaï Beliardouh devenait carrément périlleux. Cela ne l'a pas empêché de faire plusieurs articles dérangeants, dont celui qui lui coûtera la vie (lire l'article en page 4)
Qu'a-t-il osé écrire ?
Dans l’édition du 20 juillet 2002 d’El Watan, Abdelhaï Beliardouh s'était attaqué au cercle des notables mafieux locaux. Dans un article intitulé « Arrestation du président de
la Chambre ». Abdelhaï Beliardouh écrivait notamment que Saâd Garboussi, président de
la Chambre de commerce et d’industrie des Nememchas (wilayas de Tébessa et de Souk Ahras),"aurait été cité par un repenti comme étant un pourvoyeur de fonds pour le terrorisme" et "aurait participé au blanchiment des fonds du GIA, fruits du crime et du racket qui ont endeuillé les régions de Médéa et de Jijel". (lire l'article en page 4) Peu avant cette agression, Saâd Garboussi avait appelé Fayçal Métaoui, rédacteur en chef par intérim du quotidien, pour lui demander d’inclure, dans l’édition du lendemain, sa mise au point. Quand Fayçal Métaoui lui a expliqué que cela ne serait pas possible avant l’édition du lundi, le président de
la Chambre de commerce et d’industrie a lancé : « Vous allez voir, je vais lui en faire voir de toutes les couleurs. »
Qu'a-t-il subi comme châtiment ?
Abdelhaï Beliardouh a payé de sa vie cet article sur Saâd Garboussi président de
la Chambre de commerce et d’industrie des Nememchas. Après cet article, ce dernier a fait irruption au domicile de Beliardouh accompagné d'hommes de main, des malfrats locaux. Le journaliste avait alors été roué de coups devant sa famille par Saâd Garboussi et ses nervis avant d’être traîné, par le col de sa chemise, dans les rues de la ville et ce, jusqu’à la place publique du 1er Novembre. Il avait alors été de nouveau violenté et insulté publiquement Selon le communiqué d’El Watan du 21 juillet, ni la police ni la gendarmerie ne sont intervenues pour porter secours au journaliste. Beliardouh a ensuite été conduit, en voiture, dans la cave de la villa de Saâd Garboussi où il a été interrogé sur la source d’une information, parue le jour même, dans le quotidien francophone. Il avait alors été de nouveau violenté. Humilié, Abdelhaï Beliardouh, dans un état de grande tension, avait alors tenté de se suicider. Il avait alors avalé, à Tébessa, de l’acide pur. Il avait été rapidement hospitalisé à l’hôpital Mustapha, à Alger. Mais c'était trop tard : l’acide avait provoqué de graves lésions internes, notamment à l’œsophage et à l’estomac. Abdelhaï Beliardouh décède cédé dans la nuit du 19 au 20 novembre 2002, Il aura été poussé au suicide par les potentats de la ville, pour un article dérangeant.El-Watan a porté plainte et le procès de Guerboussi eut lieu à Tébessa.
Qu'a-t-il dit ? Le 22 juillet, dans une interview accordée au quotidien Le Matin, Abdelhaï Beliardouh a déclaré que l’agression qu’il avait subie était « du banditisme, pis, du terrorisme ». Alors qu’au lendemain de cette agression, le Premier ministre algérien, Ali Benflis, a déclaré, dans son discours de politique générale que « la liberté de la presse est à la base de la démocratie ». »Nous demandons aux autorités algériennes de faire en sorte que l’impunité ne soit pas la règle dans cette affaire », a dit RSF.
Qu'a-t-il écrit ?
Ci-dessous l’article d’Abdelhaï Beliardouh publié dans El Watan le 20 juillet et qui lui a valu tous les ennuis: Arrestation du président de la Chambre
M. Garboussi Saâd, président de la Chambre de commerce et d’industrie, les Nemmenchas englobant les deux wilayas de Tébessa et de Souk Ahras, serait en état d’arrestation, depuis au moins une dizaine de jours, pour une affaire liée au terrorisme, selon une source bien informée.Il aurait été cité par un repenti comme étant un pourvoyeur de fonds pour le terrorisme. Alors qu’une autre source aussi crédible que la première, le cite comme ayant participé au blanchiment des fonds des GIA fruits du crime et du racket qui ont endeuillé les régions de Médéa et de Jijel, et où l’un de ses proches officiait à titre de trésorier (Amin el mel) dans les rangs de ladite organisation terroriste. Bien que les deux sources soient divergentes au sujet du motif exact pour lequel le président de la Chambre d’industrie a été auditionné, elles attestent son arrestation et sa présentation prochaine devant les juges, pour une affaire liée au terrorisme. Du côté officiel, on se refuse à tout commentaire et seules les cellules de communication régionales sont habilitées à fournir plus d’informations au sujet d’une affaire d’une telle importance et d’une gravité, nous dit-on, sans pour autant démentir l’arrestation du président de
la Chambre du commerce et d’industrie de Tébessa et de Souk Ahras, que la rumeur ne cesse d’amplifier. Sur un au autre plan, M. Graboussi Saâd est connu pour ses diverses œuvres de bienfaisance, comme un notable de la ville de Tébessa et une personnalité publique au-dessus de tout soupçon.
Son absence et sa disparition de la circulation avaient soulevé, au départ, maintes interrogations et inquiétudes, que ses proches avaient tôt fait d’apaiser arguant un voyage d’affaires. Mais, l’assemblée générale qui s’est tenue jeudi dernier pour sûrement désigner un nouveau président à la tête de cet organisme hautement sensible, avait d’une part délié les langues et d’autre part conforté la thèse de son arrestation. Par B. Abdelhaï