Débat : Le pouvoir algérien est-il essoufflé ? 20 septembre, 2007
Posté par benchicou dans : Algérie : analyses et polémiques , ajouter un commentaire
Divorce et conséquences Par : Abed Charef (QO) Une ère a pris fin en Algérie. Celle où le pouvoir était encore omniprésent. Désormais, l’Algérie devra se construire sans lui. L’Algérie a basculé. En ce début septembre 2007, marqué par les douloureux attentats de Batna et Dellys, des mythes sont tombés et des illusions ont été définitivement balayées. Une ère a pris fin, celle où il était encore attendu du pouvoir qu’il prenne des initiatives ou qu’il contribue à sortir le pays de la crise. Une autre ère a commencé, celle où il appartient désormais à la société, dans ses différentes composantes, de construire ses propres alternatives, avec le pouvoir ou, peut-être, sans lui. En fait, cette nouvelle réalité ne s’est pas imposée du jour au lendemain. Elle est le résultat d’une longue accumulation d’échecs et de mauvais choix. La récente flambée de violence, avec les attentats de Batna et Dellys, n’ont constitué que le déclic révélateur d’une situation nouvelle, porteuse d’espoirs certes, mais de nombreux dangers aussi. D’une certaine manière, c’est le pouvoir lui-même qui a imposé cette réalité, par ses propres échecs. Et ils sont nombreux. Il y a d’abord eu l’échec de sa politique sécuritaire. Celle-ci a été érigée en dogme. Nécessaires, sinon vitales, pour garantir la stabilité du pays, les mesures sécuritaires ne constituent cependant qu’un volet d’une démarche incluant l’ensemble du champ politique et social. Mais en Algérie, elle a été érigée en démarche politique centrale, excluant tout le reste. Elle a mené droit à l’échec, car ses promoteurs ont refusé de comprendre que si l’entreprise ne crée pas d’emplois, si l’école ne forme pas de citoyens, si la société n’offre pas de structures de solidarité, et si les acteurs politiques ne prennent pas en charge les aspirations des gens, le policier peut bien traquer le terroriste, il y aura toujours plus de terroristes prêts à prendre les armes que de terroristes arrêtés ou éliminés. En un mot, le pouvoir a refusé de comprendre qu’il ne sert à rien de combattre des terroristes si on n’arrête pas la machine qui les fabrique. Cette vision sécuritaire a, en quelque sorte, provoqué à son tour un échec de la réconciliation. Ceux qui considéraient que le terrorisme était une simple question de groupes armés pensaient qu’un compromis avec ces groupes mettrait fin au terrorisme. Mais si le niveau de violence a effectivement baissé, le terrorisme est toujours là et, plus grave encore, les conditions d’une résurgence de la violence sont toujours réunies, car les éléments de l’épanouissement politique, économique et social font toujours défaut. Ceci alimente le désespoir, qui se manifeste de plusieurs manières : terrorisme, mais aussi suicide, drogue, délinquance, enlèvements, ainsi que ce terrible phénomène des « harraga », qui voit des milliers de jeunes Algériens se lancer dans une aventure suicidaire plutôt que de vivre dans leur propre pays. La réconciliation a finalement concerné une partie de ceux qui avaient pris les armes et ceux qui les avaient combattus. Elle n’a pas inclus la société. Plus grave encore, eux qui ont toujours refusé la violence, et qui ont toujours milité pour des choix politiques pacifiques, se trouvent de fait exclus du champ de la réconciliation. Ce simple élément suffirait en fait pour affirmer que l’entreprise de réconciliation n’a pas abouti. A côté de ces grands échecs, il y en a d’autres, plus évidents encore. Sur le plan économique, c’est la déroute la plus totale. Un gouvernement, dirigeant un pays doté d’immenses réserves financières, n’arrive pas à trancher sur des questions aussi rudimentaires que l’approvisionnement en lait et en pomme de terre. Cette manière de gérer le pays a transformé l’actualité nationale en une succession de drames, de faits divers sanglants, d’actes terroristes, de comportements ridicules et de scandales. Jusqu’au chef de l’Etat qui fait adopter une ordonnance dans un faux conseil de ministres, pour la faire avaliser ensuite par un Parlement dont aucun membre ne relève la forfaiture. D’autre part, ce mois de septembre a donné lieu à une dérive grave, révélatrice d’une évolution très dangereuse : les symboles même de l’Etat et de sa sécurité sont devenus des cibles du terrorisme. Cela amène naturellement à se poser des questions, au sein même du pouvoir et chez ses partenaires, nationaux et étrangers, sur les conséquences de cette évolution: jusqu’où ira l’incapacité du pouvoir ? Ne risque-t-il pas de s’enfermer encore plus dans son autisme, ce qui peut générer de nouveaux dérapages sanglants ? Enfin, à tout cela, se greffe une atmosphère de fin de règne, qui se prolonge indéfiniment. Plus que l’état de santé du chef de l’Etat, qui donne lieu à des rumeurs cycliques, c’est l’état de santé du système qui pose problème. Il a longtemps été question de lui permettre d’évoluer, de le réformer, sous une forme ou une autre, pour lui permettre de s’adapter. Au départ, sa participation paraissait nécessaire dans le processus du changement parce qu’il renfermait encore l’essentiel des capacités du pays. L’amener à changer signifiait alors qu’il mettrait ses ressources au service de l’évolution du pays. Plus tard, la participation de ce système au changement aurait signifié qu’il pourrait survivre en s’adaptant aux nouvelles règles du jeu, et que le pays n’aurait pas à subir son immense capacité de nuisance. Mais aujourd’hui, tout laisse penser que l’Algérie devra peut-être se résoudre à chercher ailleurs. Le système a devant lui les constats – l’échec de la terreur, de la répression, l’impasse à laquelle mènent l’exclusion et la négation de la politique. Il sait aussi où les solutions peuvent être trouvées, notamment dans la démocratisation du pouvoir. Mais quand il était fort, il avait refusé de s’engager dans les vraies solutions. Plus tard, il s’est affaibli, et il était devenu incapable de se rendre compte de ses erreurs. Aujourd’hui, non seulement il ne peut plus formuler des propositions de sortie de crise, mais il semble même incapable de prendre conscience de l’impasse dans laquelle il se trouve, ni de l’impasse dans laquelle se trouve le pays. La nouvelle Algérie se fera-t-elle avec le pouvoir, sans lui ou contre lui ? Si elle doit se faire contre lui, cela porte le risque de nouvelles épreuves douloureuses. Mais comme dans un couple qui se sépare, le plus important est d’admettre le divorce et d’en assumer les retombées. Ensuite, les solutions s’imposeront d’elles-mêmes. |
L’imam Al-Qaradaoui ajoute à la confusion et à l’amalgame
Posté par benchicou dans : Algérie : Islamisme et terrorisme , 13 commentairesDangereux amalgames
Dans le message de l’imam Al Qaradhaoui au président Bouteflika après les attentats de Batna et de Dellys, lu intégralement en ouverture du journal télévisé de l’ENTV lundi et mardi derniers, les téléspectateurs auront sans doute été surpris d’apprendre que le vénérable « cheikh » apportait son soutien à l’attitude du président de la République consistant à refuser « l’extrémisme des islamistes d’une part et celui des partisans de la laïcité d’autre part ». Pas moins, pas plus. Des propos qui rappellent « étrangement » ceux prononcés par Abdelaziz Bouteflika devant les caméras de l’ENTV, à Batna, peu de temps après l’explosion de la bombe que le kamikaze portait sur lui. Ce soutien, ainsi formulé, de l’imam est, comme on dit dans le langage populaire, « la fille de son oreille ». En d’autres termes, il lui aurait été « soufflé », « inspiré »… Comme dit l’adage : « Celui qui paie les violons choisit la musique. » En effet, de tels propos de la part d’un imam, rapportés durant le Ramadhan, mois de piété et de ferveur religieuse, ont de quoi « faire mouche » auprès des téléspectateurs qui étaient accrochés à leur poste de télévision ces jours-là ! Un imam qui ne s’est pas retenu jusqu’à la veille du 11 septembre 2001 de saluer les « actes de djihad » menés par le GIA et autres FIDA en Algérie ! Le message d’Al Qaradhaoui est d’ailleurs truffé d’amalgames jusque dans l’exégèse de l’Islam. Comment peut-on oser renvoyer dos à dos les islamistes armés, leurs commanditaires, responsables de massacres d’attentats et les laïcs ou supposés comme tels ? Est-il nécessaire de rappeler que les GIA, GSPC, FIDA et autres groupes terroristes ont, en leur temps, non seulement revendiqué les assassinats de laïcs ou supposés comme tels ? Rien, ni personne ne les a empêchés de « tirer gloriole » de ces lâches attentats contre des intellectuels, des hommes de science, des artistes, des journalistes. Une certitude doit être soulignée ici, à savoir que durant toute la période noire du terrorisme, aucun laïc ou supposé comme tel n’a pris une arme pour tuer froidement ou massacrer des femmes et des enfants. Un amalgame qui suggère « une troisième voie » incarnée par la démarche initiée par le président Bouteflika avec notamment la réconciliation nationale. Cette confusion n’est pas sans rappeler l’attitude de certains dirigeants qui, dans les années 1970, affirmaient n’être attirés ni par le socialisme ni par le capitalisme et qui dans un élan messianique proposaient une « troisième voie » aux masses populaires. Le monde arabe compte encore quelques survivants parmi ces leaders. Malheureusement pour eux, l’évolution du monde et sa globalisation ont eu très vite raison de ces chimères.
Reda Bekkat (El-Watan)
Privatisation du CPA : une couverture pour une malversation de 900 millions de dollars ? 19 septembre, 2007
Posté par benchicou dans : Algérie aujourd'hui , 24 commentairesQui va combler le trou de la
banque publique ?
Le dossier de la privatisation, qui est sur le point de se réaliser, est au moins aussi explosif en termes de conséquences que celui de Khalifa, nous rappelle bien à propos un lecteur du Matin qui nous détaille chiffres à l’appui le fabuleux pactole que le pouvoir algérien s’apprête à apporter sur un plateau en or au bienheureux repreneur.
Le premier acte de pillage dans ce dossier consiste à couvrir par une opération de vente à un partenaire étranger de préférence, une colossale malversation, réalisée au préjudice de la banque publique, d’une valeur de 900 millions de dollars volatilités sous forme de crédits jamais remboursés − des créances « irrécouvrables » constituées pour l’essentiel de prêts consentis à des « entrepreneurs » privés dont certains sont soupçonnés de les avoir fait fuir à l’étranger. La seconde escroquerie, conséquence de la première, qui se profile dans cette affaire, touche au prix de cession. Selon certaines sources proches du dossier le prix de cession du CPA serait de l’ordre de 1,5 milliards de dollars. Un beau cadeau en perspective… qui expliquerait la raison pour laquelle le futur repreneur, très probablement la banque française BNP Paribas déjà présente en Algérie, via sa filiale Cetelem Algérie, son cheval de Troie, spécialisée dans le crédit à la consommation, accepte de fermer les yeux sur ces créances douteuses et de reprendre à son compte ce trou abyssal.
Sachant que la première banque d’Algérie par les dépôts (20 à 25 % de la bancarisation de l’économie nationale) est une fiancée plutôt bien dotée, qui va ramener dans sa corbeille de mariée un réseau de 130 agences, un patrimoine immobilier évalué à quelques milliards de dinars et une enveloppe annuelle de 3,5 milliards de dollars pour la couverture d’importations, le prix avancé (1,5 milliard de dollars) donne à cette cession une allure d’opération de bradage.
Il y a quelques semaines, l’opération privatisation de Crédit Populaire d’Algérie franchissait une nouvelle étape : Les offres techniques des six banques étrangères – BNP Paribas (France), Citibank (États-Unis), Crédit Agricole (France), Natexis-Banque Populaire (France), Santander (Espagne) et Société Générale (France) – candidates pré-qualifiées à sa reprise seront examinées début octobre prochain. A l’issue de cette ouverture des plis, la commission désignera les banques autorisées à subir l’examen des offres financières. A la fin de l’année 2007, lorsque les 51 % des parts du capital proposés à la cession trouveront acquéreur et changeront de mains, le CPA deviendra premier établissement bancaire public algérien à passer sous le contrôle d’une banque étrangère. Le six prétendants en lice se disputent donc une banque publique que le gouvernement a voulu rendre plus attractif en augmentant son capital social de 4 milliards de DA en 2006. 29,3 milliards de DA, un bénéfice net de 7,9 milliards de DA (environ 110 millions de dollars) en 2006 sur un bilan total de 487,86 milliards de DA : la future mariée n’arrivera pas à ses noces les pieds nus ! Pourtant, il y a peu de temps encore, le projet paraissait incertain. A l’époque, les experts affichaient leur scepticisme, tel ce financier américain, cité par un journal national, qui déclarait que « très peu de soumissionnaires étrangers sont prêts à reprendre les banques publiques algériennes proposées à la privatisation (…) les soumissionnaires ne sont jamais intéressés par des banques dont les créances sont non performantes». Selon lui « c’est au gouvernement de les prendre en charge par le biais du Trésor avant même d’entamer la procédure de privatisation » Qu’est-ce qui a donc bien pu provoquer ce changement d’attitude des banques étrangère, et susciter un tel empressement des soumissionnaires, des Français en particulier que l’on a vu se livrer à une sorte de guerre et de surenchère ? La privatisation d’une banque publique prospère dans un contexte national d’opulence financière a de quoi soulever bien de questions ; dans le cas du CPA, la démarche, non seulement, contraste avec celles des autres pays émergent soucieux de garder le contrôle de leur politique et de leur sécurité financière, mais elle apparaît aussi comme étant une atteinte à l’intérêt national.
Le Matin
Affaire Khalifa : les doutes d’Alger 18 septembre, 2007
Posté par benchicou dans : Algérie aujourd'hui , 15 commentairesAlger inquiète devant les rebondissements de l’affaire Khalifa en France
El-Watan parle de « contre-procès » et de « coup de jarnac » et estime que c’est le président de la République qui est ciblé par ces révélations-accusations
Dans son édition de mardi, le quotidien El-Watan revient sur l’annonce en France de l’implication de dignitaires du régime algérien et leurs proches dans l’affaire Khalifa, information divulguée il y a quatre jours déjà par « Le Matin ». le journal écrit : « Les noms du frère du président Bouteflika, de la fille de Larbi Belkheir et de l’ancien directeur du protocole de la présidence, actuellement ambassadeur d’Algérie à Rome, Rachid Maarif, balancés devant le juge français et accusés d’avoir bénéficié de largesses de la part de Moumène Khalifa qui les a gratifiés de somptueux appartements dans des quartiers huppés de Paris, plantent le décor de ce qui ressemble déjà à un contre-procès du tribunal de Blida. » Pour El-Watan, il ne fait pas de doutes : « le procès Khalifa en France apparaît comme un contre- procès par rapport au verdict prononcé par le tribunal de Blida dans la mesure où il se hasarde sur des pistes d’enquête nouvelles ignorées par la justice algérienne. »
Quelles seraient alors les conséquences ? Le journal répond : « Il reste à savoir s’il existe des arrière-pensées politiques du côté français en s’aventurant sur ce terrain miné. Et surtout si des poursuites judiciaires seront lancées contre les personnalités algériennes mises en cause. Autrement dit, si la justice française ouvrira une information judiciaire pour savoir s’il y a eu infraction à la loi dans le mode d’acquisition de ces appartements. La logique, ou tout simplement le droit aurait voulu que l’Etat algérien en tant qu’Etat qui est interpellé et non pas le régime ou plus clairement encore le président de la République qui est, on l’aura compris, ciblé par ces révélations-accusations se saisisse par le biais de la justice algérienne de ces nouveaux éléments du dossier Khalifa mis au jour par la justice française, en réclamant d’elle les preuves des accusations portées à l’encontre des personnalités incriminées pour ouvrir une enquête et envisager les poursuites judiciaires prévues par la loi. L’erreur serait que l’Algérie réservât à ces révélations un traitement politique qui ne pourrait que jeter davantage le doute et la suspicion sur la gestion de ce dossier qui est le moins que l’on puisse dire loin de faire le consensus au niveau de l’opinion publique. »
Droudkel, canular mort ou vif !
Posté par benchicou dans : Algérie : Islamisme et terrorisme , 8 commentairesCurieuse coïncidence trois jours après la découverte que sa mort remontait à 3 ans déjà
Droudkel, tué en 2004, destitué en 2007 !
Le même journal qui annonça sa mort en 2004 nous informe aujourd’hui de sa destitution
Trois jours après qu’on ait appris qu’il avait en fait été tué en juin 2004 par les services de sécurité (voir l’article sur ce site), le chef d’al-Qaïda Maghreb islamique, Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mosaâb Abdelwadoud, ou son fantôme, vient d’être subitement destitué par ses pairs ! C’est ce que nous apprend la quotidien Liberté qui précise que Droukdel a été « destitué par ses pairs qui se seraient réunis en congrès dans les maquis de Zbarbar, dans la région de Lakhdaria, à l’extrême ouest de la wilaya de Bouira. » Citant des « sources généralement bien informées », le quotidien nous apprend que ce chef terroriste (ou son fantôme) « a fini par créer l’unanimité contre lui » en décidant de mettre son organisation sous la coupe d’Al-Qaïda et de faire entière allégeance à son chef Oussama Ben Laden. C’est ce qui aurait, ajoute le journal, « précipité sa chute au sein de la direction nationale de la mouvance terroriste. » Le journaliste ajoute plus loin : « Toutefois, nos sources estiment que l’échec de l’attaque lancé le 14 juillet dernier contre la compagnie de gendarmerie de Yakourène, dans la wilaya de Tizi Ouzou, les pertes enregistrées dans les rangs des assaillants dans leur retraite et les faiblesses apparues lors de cette opération terroriste, a également contribué au départ précipité de Droukdel. »
Tant de détails impressionnent…
L’inconvénient dans l’affaire est que c’est le même journal, Liberté, citant les mêmes « sources généralement bien informées », qui a annoncé la mort de Droudkel dans son édition du 21 juin 2004. Notre confrère a même souligné que le corps avait été identifié à la morgue de l’hôpital Frantz Fanon de Béjaïa. On avait déjà cru à la juge-fée de Blida lors du procès Khalifa, voilà qu’il nous faut croire maintenant aux terroristes-fantômes ! Le Matin
|
Seconde partie du Forum Le Matin : Ferhat Mehenni répond à vos questions 17 septembre, 2007
Posté par benchicou dans : Non classé , 106 commentaires« Azul à Ferhat ! Si la Kabylie est autonome serons nous toujours Algériens ? »
Khenat : M.Mhenni, il est temps que vous compreniez qu’en dehors de notre cohésion, il n’y aura pas de salut. L’Algérie sans la Kabylie c’est rien, et la Kabylie sans l’Algérie c’est deux fois rien, alors si vous persistez, vous nous mènerez à la partition voulue par de nombreux ennemis tapis dans l’ombre.
Sachez que nous sommes nombreux à vouloir une gouvernance régionale dans un cadre algérien voila ce qu’ il faudrait défendre et obtenir pour toute l’Algérie.
Le Nord-Constantinois qui a payé de lourds sacrifices à la décolonisation comme la Kabylie d’ailleurs se débat dans un sous développement moyen-âgeux et vous persistez à dire que la Kabylie est la seule à ne pas profiter de l’independance : c ‘est faux ! il y a pire.
Donc fédérer ces forces ce serait plus logique et vous serez plus fort et plus crédible. Ne les laissez pas vous enfermer dans un sectarisme étroit. Fédérez ces forces et même si ce sont vos idées, si elles sont partagées, ayez l’humilité de ne plus les réclamer exclusivement pour vous mais de les offrir à la communauté et de les défendre au nom de la communauté. Vous verrez que nous pourront aller plus vite et mieux pour l’intérêt de notre chère patrie inondée par le sang de tous les Algériens sans exclusive.
Krim, Abane et Amirouche ont fait de l’indépendance de l’ALGERIE leur credo. Imaginez qu’ils se soient cantonnés à la Kabylie ? Leurs rôle de catalyseur est indéniable, mais la réaction est produite ailleurs. Pour atteindre leurs objectifs, Il faudra méditer cela, la clef de la victoire démocratique est là. La kabylie est un catalyseur et doit le rester. Questionnez les chimistes, ils vous diront que le catalyseur est tributaire de son environnement. C’est une loi de la nature que vous devez méditer. Bonne chance.
Ferhat : 1) Je suis heureux d’apprendre que nous sommes nombreux à vouloir une gouvernance régionale dans un cadre algérien. C’est, me semble-t-il, ce que revendique l’autonomie de la Kabylie. Donc le MAK et sa démarche sont tout à fait légitimes. Il aura été celui qui en a révélé l’aspiration. Le fait de militer pour la Kabylie n’est pas du sectarisme. C’est le combat à portée de nos moyens. Se battre pour toute l’Algérie suppose : a) des niveaux de revendication équivalents entre toutes les régions du pays, ce qui n’est pas le cas, b) des relais que ni vous ni le MAK ne possèdent
2) La Kabylie ne peut-être comparée au reste du pays en ce sens que de par sa cohésion et ses aspirations, elle est davantage en dissidence politique avec le pouvoir algérien depuis notre indépendance que les autres régions. Vous n’avez qu’à compter le nombre de révoltes, de prisonniers politiques et de morts pour des raisons démocratiques dans notre pays de 1962 à ce jour.
3) Même si l’idée d’une autonomie régionale pour la Kabylie n’appartient à personne, je tiens à en saluer les précurseurs autour du professeur Salem Chaker et du Dr. Malika Baraka. Il se trouve juste qu’historiquement le MAK est la première formation politique à en avoir officiellement formulé la revendication. Que d’autres s’en réclament maintenant, ne peut que nous réjouir.
4) Merci pour tous les conseils que vous me prodiguez. Il me semble que je ne m’écarte pas de ce qu’ils énoncent. Quant au fait d’invoquer Krim, Abane et Amirouche, je dois vous dire que nous n’en sommes que le prolongement historique naturel. Pour autant, ne confondez ni les époques ni les adversaires. L’Algérie d’aujourd’hui n’est ni celle qu’ils voulaient changer, ni celle dont ils avaient rêvé l’époque.
Kader : Azul à Ferhat ! de tous les partis politiques actuels aucun n’est crédible : j’ai voulu voter pour vous mais je ne l’ai pas fait ! J’ai pensé à mon grand-père qui est mort pour l’Algérie libre.
Ma question est : si la Kabylie est autonome serons nous toujours Algériens ? Aurons- nous accès aux rentes du gaz et pétrole ?
Il faudrait que vous expliquiez exactement quelle est votre conception sur cette autonomie ! Merci beaucoup. Le sang coule à flot dans nos montagnes pour combattre des idéaux sans que le restant du pays ne bouge ! Jusqu’à quand… ?
Ferhat : Kader, je ne me suis pas présenté aux élections pour que vous refusiez de voter pour moi. J’ai respect pour votre grand père tombé, comme mon père, au champ d’honneur. Leur combat contre le colonialisme était noble, le nôtre pour notre autonomie ne l’est pas moins. Celle-ci n’est pas l’indépendance et elle garantit aux Kabyles autant la citoyenneté algérienne que leur quote-part de la rente pétrolière, ce dont elle ne bénéficie pas réellement de nos jours. Je vous invite à aller sur le site du MAK www.makabylie.infopour prendre connaissance du Projet d’Autonomie de la Kabylie, ainsi que de la Charte des Droits du peuple Kabyle et de la Kabylie. Cela vous aidera à vous faire votre propre idée sur notre conception de l’autonomie.
Redbal : Bonjour M. Mehenni. Le régime pétro-autoritaire et despotique qui gouverne lamentablement l’Algérie depuis l’indépendance (il nous l’a confisquée d’ailleurs) vous accuse de séparatiste (fond de commerce) pour vous acculer dans votre lutte politique (idéal démocratique). Quels sont vos objectifs politiques et pourquoi ce silence de votre part ? L’Algérie a besoin de tous ses enfants pour ce combat sacré qu’est la démocratie
Ferhat : Je cherche à convaincre la société et non le pouvoir algérien. Si celui-ci était sûr que j’étais un séparatiste il aurait déjà sévi par la loi. Parce que l’autonomie est en mesure d’amener de la transparence dans la gestion de la rente pétrolière à travers des gouvernements régionaux qui réclameront chacun sa part, parce qu’elle induit plus de liberté et de démocratie pour tous et dans l’ensemble des domaines, le pouvoir algérien riposte en faisant toujours un amalgame entre autonomie et séparatisme. En tant qu’adversaire, il est dans son rôle.
DAM : Ferhat, je connais ton engagement et tes convictions, je connais également ton intelligence, alors ne crois-tu pas qu’il serait plus opportun que la démocratie soit une priorité à instaurer à l’échelle nationale pour qu’elle puisse mieux s’asseoir à un niveau régional ? De plus, il me semble plus réaliste de travailler avec un gouvernement central élu démocratiquement.
Je sais que la Kabylie a beaucoup souffert, seule et souvent sans compassion et soutien de la part des autres wilayates, mais c’est le prix à payer par ceux qui ont très tôt raison.
J’en profite pour te renouveler une fois de plus mon amitié .
Ferhat : Merci pour vos compliments. Avant d’arriver à cette revendication d’autonomie de la Kabylie que n’avions-nous consenti de sacrifices pour instaurer une démocratie à l’échelle nationale. Mes 12 arrestations en sont un des témoignages. C’est parce que nous nous heurtons toujours à un mur infranchissable depuis plus de quarante ans que, maintenant, il est nécessaire d’essayer de contourner l’obstacle, d’en finir avec le Rocher de Sisyphe. Dès lors qu’il a été impossible d’asseoir une démocratie nationale pour une meilleure démocratie régionale, retournons les termes de l’équation. Construisons une démocratie régionale pour arriver de proche en proche à asseoir un état de droit. Commettre une erreur est humain, persister dans l’erreur est inconséquent. Le prix à payer par ceux qui ont très tôt raison ne serait-ce pas, entre autres, cette levée de boucliers contre les partisans de l’autonomie de la Kabylie ?
Anzarbel : Le MAK a tenu son congrés constitutif le 14 août 2007. Est-ce une initiative pour légitimer votre personne en tant que dépositaire du combat autonomiste ou alors une initiative qui ouvrira de nouvelles perspectives pour cette cause ?
Ferhat : Dans l’absolu, ma personne n’a rien à voir dans la tenue de ce congrès. Ma légitimité d’acteur politique ne date ni du MAK ni de son congrès. Je ne veux être le dépositaire d’aucun combat. Je veux contribuer modestement, avec d’autres, mais de toutes mes forces, à mener un combat en toute conviction et honnêteté. Mon souhait le plus cher est de former une relève au plus vite pour que la génération qui a fait le printemps berbère de 1980 quitte la scène, la conscience tranquille. Le congrès du MAK s’est tenu pour stabiliser la structure autant dans ses objectifs, son discours que ses responsables. Il ouvre une nouvelle perspective pour son élargissement à l’ensemble de la société, en faire un mouvement à même de mener à terme sa mission, sans traumatisme et sans violence.
J’ai, tout le long des préparatifs de ce congrès, milité pour un mandat unique du président. On se retrouve au final avec deux mandats de 4 ans chacun. J’ai conscience des appréhensions de nombreux intellectuels et militants de voir se reproduire au MAK le cas des leaders qui restent à vie à la tête de leur parti. Il n’est même pas sûr, dans mon cas, de me représenter pour un 2e mandat.
Faroua : A l’époque vos chansons suffisaient, et nous avions tout compris ; les messages passaient 5 sur 5. Aujourd’hui vous vous êtes englué dans le « muppet show » qu’est la politique ; chez nous redevenez seigneur par vos poèmes engagés et on sera derrière vous.
Ferhat : Toute ma vie, j’ai agi en homme politique tout en étant chanteur. Celui-ci n’a eu le succès qui a été le sien que grâce à l’homme politique qui l’anime. Contrairement à vous, je considère que la politique est noble. C’est grâce à elle que l’humanité ne sombre pas dans la barbarie et le chaos. Les peuples dominés sont ceux qui, à un moment ou un autre de leur histoire, ont manqué de vision, de conscience et d’organisation politiques.
En tout état de cause, vous avez le droit de ne pas écouter l’homme politique que je suis. Continuez d’écouter le chanteur, il arrive dans quelques jours. Son nouveau CD va paraître avant la fin de l’année.
Thanina : Des citoyens des autres régions nous haïssent trop, ils nous confondent même avec les islamistes, donc le MAK va encore attirer des gens qui viendront foutre le trouble chez nous.
Y a t il un projet pour la sécurité des citoyens pour cette région ?
Sinon ça sera une guerre civile mais elle sera programmée par l’armée contre nous !!!
Ferhat :Ne soyons pas paranoïaques. Nous ne sommes pas haïs par tout le monde. Autrement il y a lieu de nous poser de sérieuses questions sur nous-mêmes. Notre isolement politique est une chose et notre sécurité en est une autre. Les islamistes sont, presque partout, chez eux en Algérie à l’exception de la Kabylie où leurs prédicateurs et leurs terroristes viennent, ces dernières années en nombre, avec la bénédiction et les moyens de l’Etat, pour nous gagner à leur cause. Le MAK appelle à un plan de résistance politique de la Kabylie contre les plans échafaudés dans des officines du pouvoir pour tromper notre vigilance. Restons sur nos gardes et avançons main dans la main. La victoire n’est pas loin.